L’interview d’Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice et professeur de droit, m’a profondément choqué. Ce que l’on a vu était bien plus qu’une simple confession ; c’était un homme désespéré, visiblement prêt à tout pour sauver sa peau. Les menaces voilées qu’il a émises à l’encontre de certains de ses anciens collègues semblaient plutôt être des avertissements déguisés, comme s’il cherchait à se décharger de ses propres responsabilités.
Ce n’était pas qu’un simple aveu de faute, mais un acte de délation indirecte qui laissait entrevoir une réalité bien plus sinistre sur la gestion de notre pays.
L’aveu le plus alarmant fut celui où il admettait avoir été témoin d’une tentative de corruption, mais n’avoir pas réagi comme un homme de droit devrait le faire. Comment peut-on accepter qu’un ministre de la Justice, chargé de défendre les principes d’équité et de probité, laisse un corrupteur repartir libre avec 50 millions de francs sous prétexte de n’avoir pas accepté l’argent ? Cet aveu, loin de réhabiliter l’homme, montre la faillite morale et éthique de notre système judiciaire. Un juriste de haut niveau, formé aux valeurs du droit, incapable de dénoncer une malversation, c’est l’incarnation de la dégradation morale qui gangrène notre pays.
Ce n’est pas simplement un ministre en difficulté qui s’exprime ici ; c’est la représentation d’une classe politique entière rongée par la corruption. Ismaïla Madior Fall, qui se présentait naguère comme un homme d’État, est désormais perçu comme un maillon faible du système. En fait, il incarne une pièce essentielle d’un appareil étatique corrompu, et sa fragilité actuelle en dit long sur l’état de décomposition de nos institutions. Cette confession montre que même ceux censés incarner la justice sont les premières victimes d’un système qui les avale et les déshumanise.
Ce témoignage n’est pas anodin. Il révèle une vérité terrible : les hommes et femmes au pouvoir, qu’ils soient conscients ou non, se laissent souvent prendre dans un engrenage où la morale est sacrifiée sur l’autel de l’intérêt personnel. Si l’État mettait davantage de pression sur Ismaïla Madior Fall, il est fort probable qu’il craque et révèle davantage de dossiers cachés. Psychologiquement affaibli, il ne pourrait probablement plus protéger ses anciens collègues. Et ainsi, le tissu même de la corruption étatique, qui gangrène toutes les strates du pouvoir, pourrait bien se déchirer sous nos yeux.
Il est grand temps de prendre conscience de cette réalité et d’agir. La moralité de notre classe dirigeante ne peut pas être laissée à la merci d’intérêts partisans et personnels. Si nous continuons à laisser ces hommes et femmes entretenir un système perverti, nous n’allons jamais sortir de ce cercle vicieux. La justice doit être rendue, non pas à travers des promesses vaines, mais par un engagement clair et ferme à démanteler la corruption à tous les niveaux de l’État. Si nous voulons vraiment un avenir plus juste et plus équitable, il est impératif que ces révélations ne tombent pas dans l’oubli, mais servent de catalyseur pour un changement radical et urgent.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoul Aziz.
Mis en ligne : 30/04/2025
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