Changement des noms des rues : Nouvelle ère à Abidjan - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 01/05/2025 02:05:39

Changement des noms des rues : Nouvelle ère à Abidjan

Depuis le mois de mars, Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, a entrepris une importante campagne de renommage de ses rues et boulevards.

Cette initiative marque une étape significative dans la manière dont le pays façonne sa mémoire collective à travers l’aménagement urbain. Pour de nombreux habitants, cette réforme est source de soulagement.

Parmi eux, Franck Hervé Mansou, 31 ans, exprime sa satisfaction : « Je ne connais pas Giscard d’Estaing. Je ne sais pas qui c’était ! », déclare-t-il à propos du retrait du nom de l’ancien président français du célèbre boulevard VGE, désormais rebaptisé boulevard Félix Houphouët-Boigny, en hommage au premier président ivoirien. Cette évolution s’inscrit dans une volonté d’ancrer davantage l’identité nationale dans l’espace public, en réduisant les marques du passé colonial. Une dynamique similaire est observée dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso ou le Niger.

Toutefois, la Côte d’Ivoire précise que sa démarche est avant tout pragmatique, et non politique. Alphonse N’Guessan, responsable du projet au ministère de la Construction, souligne que l’objectif n’est pas de « rejeter la France », mais de « moderniser le système de dénomination » des voies.

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Avant cette réforme, seules 600 des quelque 15 000 voies d’Abidjan étaient nommées, ce qui compliquait la localisation, la fourniture de services et la transmission de la mémoire collective. L’État a donc lancé une opération de grande ampleur : de nouvelles plaques, aux couleurs nationales – vert et orange –, sont installées, tandis que les anciens noms sont revus. Ainsi, le boulevard de France devient boulevard Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, du nom de la première Première dame ivoirienne, et le boulevard de Marseille est renommé en l’honneur de Philippe Grégoire Yacé, ancien président de l’Assemblée nationale.

Avec une population composée à 75 % de jeunes de moins de 35 ans, ce changement représente aussi une manière de réappropriation symbolique de l’histoire nationale.

« Plus tard, nous pourrons raconter à nos enfants qui sont ces figures », explique Franck Hervé Mansou. Jean-Bruce Gnéplé, de son côté, se réjouit que Houphouët-Boigny « reste dans la mémoire des Ivoiriens ». Pour l’urbaniste Wayiribé Ismaïl Ouattara, le fait de nommer les espaces urbains permet aux citoyens de mieux s’identifier à leur environnement et d’envisager l’avenir avec plus de clarté. Il rappelle toutefois que l’objectif n’est pas d’effacer le passé : certaines localités comme Treichville ou Bingerville conservent par exemple leurs noms hérités de l’époque coloniale.

La réforme, inclusive, est menée en collaboration avec les chefs traditionnels et les organisations de la société civile. Elle devrait être étendue à une quinzaine d’autres villes d’ici 2030. Au-delà de sa portée symbolique, elle pourrait également avoir un impact positif sur le tourisme, en rendant la navigation plus fluide et en valorisant l’histoire locale.

Article écrit par : Pathé Diop
Mis en ligne : 01/05/2025

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