L’Afrique possède une richesse inestimable : ses sous-sols regorgent de minéraux stratégiques comme le cobalt, le lithium, le graphite ou les terres rares. Ces ressources sont essentielles à la transition énergétique mondiale, à la fabrication de batteries, d’équipements électroniques ou d’armements modernes.
Pourtant, cette richesse naturelle ne profite pas à l’Afrique. Elle alimente surtout les grandes puissances industrielles, qui transforment ces matières et engrangent les profits.
Certains évoquent des opportunités : flux d’investissements, création d’emplois, développement d’infrastructures. Mais la réalité est tout autre. L’Afrique reste cantonnée à un rôle de fournisseur brut. Elle exporte ses ressources sans les transformer, et ne capte donc ni la valeur ajoutée ni le pouvoir stratégique qui en découle. Cette logique perpétue la dépendance économique du continent et le prive d’une réelle souveraineté industrielle.
Les obstacles sont nombreux. Des cadres juridiques faibles, une corruption endémique, l’absence de politiques industrielles claires, et l’ingérence d’intérêts étrangers empêchent l’Afrique de reprendre le contrôle de ses ressources. Dans certains pays, l’exploitation minière alimente même des conflits armés. Ce pillage organisé, souvent déguisé en partenariat, se fait au détriment des populations locales, qui vivent à proximité des mines mais restent enfermées dans la pauvreté.
Et pourtant, les leviers pour un basculement existent. Il est urgent de conditionner l’accès aux gisements à la transformation locale, d’investir dans la recherche minière et de former des ingénieurs africains capables de piloter des chaînes de valeur complètes. L’Afrique doit aussi exiger des contrats transparents, équitables et résiliables en cas de non-respect. La souveraineté minérale passe par une refonte totale de la manière dont les ressources sont gérées.
Refuser d’être un simple grenier à minerais n’est pas un caprice nationaliste, c’est un impératif historique. Tant que Kinshasa exportera du cobalt sans produire de batteries, tant que Bamako livrera du lithium sans développer d’usine de traitement, le continent restera dominé. L’heure n’est plus aux compromis mollement négociés avec les multinationales, mais à une affirmation stratégique des intérêts africains.
En somme, l’Afrique est à la croisée des chemins. Soit elle s’émancipe en valorisant ses ressources pour le développement de ses propres peuples, soit elle s’enfonce dans un néocolonialisme minier qui la dépossède de son avenir. Les minéraux stratégiques ne sont pas une opportunité en soi : ils ne le deviennent que si l’Afrique décide d’en faire une arme de puissance et non une source de soumission.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Soleine Gaye.
Mis en ligne : 01/05/2025
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