Après plusieurs semaines de tractations ardues, Washington et Kiev ont finalement scellé, mercredi, un accord stratégique sur l’exploitation des ressources minières ukrainiennes. Ce texte confère aux États-Unis un accès prioritaire aux minerais stratégiques, en particulier aux terres rares indispensables aux industries de haute technologie.
L’accord prévoit également la mise en place d’un fonds commun destiné à la reconstruction et à l’investissement dans le secteur minier.
Mais cette entente influencera-t-elle le cours du conflit russo-ukrainien ? Pour l’heure, l’incertitude demeure. Selon The Washington Post, la version finale du document n’offre aucune garantie de sécurité concrète à l’Ukraine. Elle souligne néanmoins un « alignement stratégique à long terme » entre les deux nations, ainsi que le soutien américain à la sécurité, à la prospérité et à l’intégration économique de Kiev dans les circuits mondiaux. Un langage diplomatique fort, perçu comme une avancée majeure par l’Ukraine, en quête d’un appui solide depuis les tensions apparues sous la présidence Trump. À travers cet accord économique, Kiev espère à terme obtenir des garanties sécuritaires plus substantielles dans le cadre d’un futur traité de paix.
Cependant, The New York Times tempère l’enthousiasme : les contours de cet accord restent flous quant à son impact sur l’aide militaire américaine. Une source proche du dossier précise que le texte ne comporte aucune promesse explicite d’assistance future en matière de sécurité. D’après une autre source, Washington aurait d’emblée écarté cette possibilité. Malgré les annonces officielles, le quotidien estime que l’utilité de ce partenariat restera limitée tant que les combats entre Kiev et Moscou se poursuivent.
De son côté, La Repubblica révèle que le projet prévoit d’allouer jusqu’à 150 % des recettes issues de l’exploitation des minerais à un fonds américano-ukrainien. Objectif : financer de nouvelles livraisons d’armement. Si cette disposition ne constitue pas une garantie de protection militaire au sens strict, elle scelle un lien économique durable et permet à l’Ukraine de renforcer ses capacités défensives et de financer sa reconstruction. Lors de la signature, des responsables ukrainiens ont d’ailleurs évoqué des aides spécifiques, notamment en matière de systèmes antiaériens.
Pour Le Figaro, cet accord conforte les intérêts américains en Ukraine tout en adressant un signal clair à Moscou. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, l’a affirmé sans détour : « Cet accord montre l’engagement de l’administration Trump pour une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme. »
Un enjeu majeur réside dans les terres rares elles-mêmes, que l’Ukraine détiendrait à hauteur de 5 % des réserves mondiales. Or, nombre de ces gisements se trouvent dans des zones de conflit, notamment dans le Donbass, sous contrôle russe.
Avec cet accord, Die Welt estime que Donald Trump intensifie la pression sur Vladimir Poutine. Le Kremlin, qui rechigne à entamer des négociations de paix, continue d’ignorer les appels américano-ukrainiens à un cessez-le-feu sans condition. La dernière initiative du président russe, une trêve unilatérale de trois jours du 8 au 10 mai, a été jugée insuffisante. Ces derniers jours, Donald Trump a clairement exprimé ses limites face à l’attentisme de Moscou. Reste désormais à observer la réaction du Kremlin face à cette nouvelle étape de l’alliance stratégique entre Washington et Kiev.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 01/05/2025
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