Lors d’un panel organisé hier par le SAID, Mame Boye Diao, ancien directeur général des Domaines, a évoqué son passage à la tête de cette institution, une expérience qu’il qualifie encore aujourd’hui de « cauchemar ».
En effet, son passage à la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID) reste marqué par des auditions à la Division des Investigations Criminelles (DIC), liées à l’affaire foncière du tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Dans un entretien relayé par L’Observateur, Mame Boye Diao a exprimé toute sa frustration, soulignant que malgré ses 23 ans de carrière et ses multiples responsabilités au sein de l’administration, les trois années passées aux Domaines ont été les plus difficiles de son parcours. « Avant de quitter la DGID, j’étais à 23 ans de carrière durant lesquels j’ai occupé plusieurs services. Grâce à Allah, j’avais une très bonne et riche carrière. Mais, les trois années que j’ai passées aux Domaines constituent un cauchemar pour moi », a-t-il affirmé.
L’ancien directeur général a également révélé un aspect inquiétant du système des Domaines, indiquant que très peu d’agents y achèvent leur carrière sans avoir été convoqués par les forces de l’ordre. Selon lui, la véritable question ne réside pas dans le travail des agents, mais dans ceux qui prennent les décisions. « Le vrai problème dans la DGID, ce n’est pas le praticien, c’est le décisionnaire », a insisté Mame Boye Diao, appelant à une réflexion sérieuse sur la manière de protéger les fonctionnaires actifs dans ce secteur.
Diao a sévèrement critiqué la politique foncière en place, estimant qu’elle repose entièrement sur les décisions des responsables. « Nous avons les hommes qu’il faut, les diplômes qu’il faut, les ressources qu’il faut pour produire les textes qu’il faut, mais ils ne veulent pas les appliquer », a-t-il déploré, évoquant une situation de blocage qui, selon lui, nuit à la gestion foncière du pays.
L’ancien responsable a aussi relaté une situation exemplaire de l’absurdité du système. Il a expliqué : « C’est le ministre qui me demande d’exécuter et j’ai exécuté. » Il a dénoncé un système où les désordres sont alimentés par le sommet, avant d’être imputés à ceux qui exécutent les ordres. Selon lui, il existe un « cercle vicieux où les mêmes causes produisent inlassablement les mêmes effets ».
Soutenant l’idée que des changements sont nécessaires, Mame Boye Diao a interpellé les syndicats du secteur, les incitant à faire comprendre aux responsables politiques qu’il est grand temps de tracer un chemin clair pour réformer la gestion foncière du pays.
Enfin, l’ancien directeur a évoqué une situation de contradiction flagrante qu’il a vécue avec l’actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Il raconte ainsi : « Un jour, l’actuel président est venu dans mon bureau, très en colère, et m’a dit : ‘Si vous résiliez les terrains du SAID de Guédiawaye, ce sera une grève illimitée. Je lui ai répondu que le ministre m’avait écrit pour me dire de résilier, donc je le ferai. » Il poursuit : « Et c’est ce même ministre qui, plus tard, revient me dire, pour des raisons d’habitat social, qu’il faut rétablir le SAID. Vous voyez à quel point c’est incohérent ! » Un exemple criant des contradictions que les gestionnaires fonciers doivent affronter quotidiennement, comme l’a souligné L’Observateur.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 02/05/2025
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