À l’occasion de la célébration de la Fête du travail, l’État du Sénégal, le patronat et les centrales syndicales ont signé un Pacte de stabilité sociale qui engage les parties à une trêve de trois ans. Une initiative saluée comme “historique”, mais ternie par la colère de travailleurs licenciés venus rappeler, en rouge et cercueil en main, les blessures encore vives du monde du travail.
Le quotidien Le Soleil salue “une signature de première main”, marquant ainsi l’importance accordée à cet accord tripartite. À travers ce pacte, l’ambition affichée est claire : instaurer un climat de paix sociale durable, propice à la relance économique et à la stabilité du dialogue entre l’État, les syndicats et le secteur privé. Preuve de l’engagement de l’exécutif, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a donné instruction à son gouvernement de respecter strictement les engagements pris.
« Chacune de vos attentes sera examinée avec la plus grande attention », a assuré le chef de l’État aux représentants syndicaux lors de la remise des cahiers de doléances, comme le rapporte Sud Quotidien. Le message est limpide : instaurer une nouvelle ère de confiance entre les partenaires sociaux.
Pour Walfquotidien, cette trêve sociale est une “très bonne nouvelle”. Le journal salue un “tournant historique”, selon les mots de Mody Guiro, secrétaire général de la CNTS, qui souligne l’aboutissement de plusieurs mois de négociations.
De son côté, Le Quotidien note que le président Faye a tenu à rassurer sur le fonctionnement régulier des organes de suivi, tandis que le Premier ministre Ousmane Sonko a multiplié les signaux d’apaisement. « Nous comptons respecter nos engagements de manière parfaite et intégrale », a-t-il affirmé. Un discours qui a inspiré L’info, titrant sur “L’espoir des parties et les assurances de Sonko”, en référence à ses propos : “Je serai plus du côté des syndicats et du patronat que de l’État.”
Mais alors que les officiels signaient ce pacte, tout le monde n’était pas à la fête. Enquête donne la parole aux travailleurs licenciés, pour qui la journée du 1er mai n’a été qu’un rappel amer de leur précarité : enfants déscolarisés, loyers impayés, avenir incertain. Le journal évoque un “calvaire silencieux” que la trêve sociale ne résout pas.
Plus radicale encore, Tribune revient sur la manifestation symbolique des licenciés, interrompant le discours du ministre Abbas Fall. Vêtus de rouge, ces travailleurs ont brandi un cercueil pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme “la mort certaine des travailleurs licenciés” et l’indifférence de l’État à leur sort.
Entre la promesse d’une accalmie et les cris de détresse des exclus du système, le 1er mai 2025 laisse un goût mitigé. Si le pacte signé est porteur d’espoir, il rappelle aussi que la paix sociale ne se décrète pas : elle se construit, à condition de n’oublier personne.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 02/05/2025
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