Ce 1er Mai aurait dû être un jour de solidarité ouvrière, de lutte pour les droits des travailleurs. Au lieu de cela, le Mali s’est réveillé avec une annonce glaçante : le régime militaire du général Assimi Goïta envisage de s’accrocher au pouvoir pour cinq années supplémentaires sans passer par les urnes, et pire encore, de dissoudre tous les partis politiques.
Trente années de démocratie jetées à la poubelle, comme si les combats de 1991 n’avaient jamais existé. Le message est clair : le pouvoir ne tolérera plus ni critique ni pluralisme.
Ce projet autoritaire ne signe pas seulement la mort de la démocratie malienne, il profane la mémoire de ceux qui ont risqué leur vie pour l’instaurer. En cherchant à ériger Goïta en président légitime par simple proclamation, sans la moindre élection, la junte tourne le dos à la Constitution de 2023 elle-même, pourtant rédigée sous sa supervision, et qui inscrit noir sur blanc l’intangibilité du multipartisme. Cette trahison des principes fondamentaux n’est pas seulement une crise politique ; c’est une insulte au peuple malien.
Face à cette dérive gravissime, les partis politiques doivent sortir de leur torpeur. Ne rien faire serait accepter leur propre disparition. L’histoire ne pardonnera pas à ceux qui, par lâcheté ou calcul, auront laissé passer cette tentative de confiscation totale du pouvoir. Ils doivent s’unir, se mobiliser, alerter l’opinion nationale et internationale. Il en va de leur survie, mais surtout de celle de la République.
Et que dire des syndicats ? Leur silence, pour l’instant, est assourdissant. Autrefois fers de lance du soulèvement contre la dictature de Moussa Traoré, certains semblent aujourd’hui cooptés, étouffés par des postes dorés au sein des institutions de la transition. Le double jeu de figures comme Yacouba Katilé, à la tête de l’UNTM tout en présidant le Conseil économique et social, affaiblit la légitimité du syndicalisme malien. Il est temps de choisir : être au service du peuple ou à la solde d’un régime militaire autoritaire.
Il reste pourtant une lueur d’espoir : l’histoire malienne regorge de résistances victorieuses. À condition que syndicats, partis, associations et citoyens se lèvent comme un seul homme, comme en 1991, pour dire non à cette mascarade politique. Il ne s’agit plus d’un simple bras de fer entre civils et militaires, mais d’un combat pour l’âme du Mali. La démocratie ne meurt que si ses défenseurs baissent les bras. Qu’ils se lèvent. Maintenant.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Amadou Thiam.
Mis en ligne : 04/05/2025
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