Parler pour se dédouaner : L’opportunisme de Mame Boye Diao - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Maimouna | Publié le 04/05/2025 12:05:15

Parler pour se dédouaner : L’opportunisme de Mame Boye Diao

Parler, encore parler, toujours parler. Au Sénégal, certains anciens hauts fonctionnaires semblent découvrir la parole libre comme une revanche personnelle contre l’État qu’ils ont pourtant servi, souvent sans broncher. C’est le cas de Mame Boye Diao, ex-directeur des Domaines, aujourd’hui maire de Kolda, qui s’est livré, lors d’un panel du Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (SAID), à une confession publique digne d’un spectacle de désolidarisation tardive.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce genre de sortie n’a rien d’un acte de courage. C’est au contraire une démarche malhonnête, irresponsable et dangereusement populiste, qui alimente la défiance envers nos institutions tout en brouillant les repères de ce qu’est un véritable sens du service public.

« Servir l’État, ce n’est pas s’en laver les mains une fois les projecteurs braqués. »

Que cherche Mame Boye Diao en racontant son « cauchemar » de trois années à la tête des Domaines ? À se victimiser après avoir été rattrapé par une convocation de la Division des investigations criminelles (DIC) ? À se positionner comme une figure du franc-parler qui dénonce les dérives d’un système qu’il a lui-même exécuté sans ciller ? À laver son image au détriment de la République ?

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Qu’on soit clair : un haut fonctionnaire n’est pas un chroniqueur. Il incarne une obligation de loyauté et de discrétion. Lorsqu’on occupe un poste stratégique comme celui de Directeur des Domaines, on est gardien d’un secret d’État, pas agent de buzz. Faire publiquement étalage d’injonctions ministérielles, aussi incohérentes soient-elles, ce n’est pas œuvrer à la transparence : c’est instrumentaliser une fonction pour justifier ses propres manquements.

Les accusations de Mame Boye Diao envers ses anciens supérieurs hiérarchiques tombent mal. Non seulement parce qu’elles interviennent à un moment opportuniste, juste après sa convocation à la DIC, mais aussi parce qu’elles jettent un discrédit global sur l’administration qu’il a servie et sur les collègues qu’il prétend défendre.

« On ne peut pas passer 20 ans à construire un édifice institutionnel et, en trois minutes de panel, le brûler par pur calcul politique. »

C’est cette culture du déballage tardif et sélectif qu’il faut combattre avec fermeté. Le Sénégal a besoin de fonctionnaires solides, fidèles à leur serment, et non de repentis bavards qui tentent de réécrire leur propre histoire. Il y a des choses qui ne se disent pas sur la place publique non pas parce qu’elles sont interdites, mais parce qu’elles relèvent de la morale républicaine et de la dignité administrative.

Ce n’est pas en jetant l’opprobre sur les institutions qu’on les répare. Ce n’est pas en exposant ses anciens commanditaires qu’on s’absout de ses responsabilités. Ce n’est pas en jouant les martyrs de service qu’on devient un héros.

Mame Boye Diao aurait pu poser le débat de fond sur la réforme foncière dans des cadres institutionnels. Il a préféré le tribunal médiatique, où tout se dit, tout s’oublie, tout s’instrumentalise. Il y a là un grave précédent à dénoncer : si chaque haut fonctionnaire commence à vider son sac après avoir quitté ses fonctions, c’est l’autorité de l’État lui-même qui s’effondre.

Et pendant ce temps, le citoyen reste confus, désabusé, désorienté.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mbaye Sene.
Mis en ligne : 04/05/2025

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