À la suite de propos controversés qualifiant l’amazigh d’« instrument idéologique sioniste-français », les autorités algériennes ont procédé à l’arrestation de l’historien Mohamed El Amine Belgheith.
Le parquet a ordonné une enquête préliminaire, laquelle a conduit à son arrestation puis à son renvoi devant la justice. Il est poursuivi pour avoir « porté atteinte à l’unité nationale », « attaqué les symboles de la nation et de la République » et « diffusé des propos incitant à la haine et à la discrimination via les médias et les moyens de communication ».
L’Agence de presse algérienne a indiqué que le tribunal de Dar El Beïda, à Alger, a lancé une enquête après la diffusion virale d’une vidéo contenant les déclarations de Belgheith. Le procureur a considéré que ces propos constituent une « violation des principes fondamentaux de la société algérienne », ainsi qu’une « atteinte à une composante essentielle de l’identité nationale », portant atteinte à l’unité et aux symboles de la nation. Le juge d’instruction a ordonné son placement en détention provisoire en attendant les résultats de l’enquête.
Les déclarations de Mohamed El Amine Belgheith, affirmant que « la langue amazighe est un projet idéologique franco-sioniste » et que « les Berbères sont originaires des Arabes phéniciens », ont provoqué une vive polémique dans les milieux politiques et culturels algériens.
Nombreux sont ceux qui ont perçu ces propos comme une remise en cause directe de l’une des trois composantes fondamentales de l’identité algérienne, telles que définies par la Constitution : l’islam, l’arabité et l’amazighité.
Les propos ont été tenus lors d’un entretien accordé à Sky News Arabia, où Belgheith a été invité à préciser ses vues sur la question amazighe. À la question de savoir s’il ne s’agissait pas d’une négation de toute une identité, il a répondu : « Il n’y a pas de culture amazighe. C’est un projet idéologique sioniste entièrement conçu par la France. L’Amazigh n’existe pas. Il y a les Berbères, qui sont d’anciens Arabes selon les plus grands historiens orientaux et occidentaux. »
Mohamed El Amine Belgheith a ajouté que, selon les sages de Libye, d’Algérie et du Maroc, la question amazighe serait un projet politique visant à déstabiliser l’unité maghrébine au profit d’une vision française d’un Maghreb francophone. Il a conclu en affirmant : « Nos origines remontent aux Phéniciens cananéens, et c’est ce qui nous distingue de nos adversaires, internes comme externes. »
La diffusion de cette interview a entraîné une vague de critiques virulentes, émanant d’activistes, d’intellectuels et de journalistes, qui ont dénoncé des propos provocateurs et à portée politique. Certains ont appelé à engager des poursuites judiciaires contre Belgheith pour atteinte aux fondements de l’unité nationale, comparant cette affaire à celle de l’écrivain Boualem Sansal, actuellement emprisonné pour des déclarations jugées nuisibles à l’intégrité territoriale de l’Algérie.
Par ailleurs, l’affaire a engendré des tensions diplomatiques avec les Émirats arabes unis. La télévision nationale algérienne a ouvert son principal journal télévisé par une déclaration inédite accusant les Émirats d’attiser intentionnellement les tensions identitaires dans le pays.
Cette déclaration est intervenue un jour après la diffusion par une chaîne émiratie de l’interview de Belgheith sur la question amazighe. Dans un ton virulent, le communiqué algérien a qualifié l’animateur de l’émission de « marchand d’idéologies » et « d’âme malade ».
La télévision d’État a déclaré que les Émirats sont devenus une « fabrique de mal et de division », affirmant que, malgré la retenue et les avertissements répétés de l’Algérie, ce pays continue de renier les liens historiques et les positions de solidarité qu’il entretenait depuis sa fondation il y a cinquante ans.
Le communiqué a averti que les Algériens ne toléreraient plus les attaques contre leur unité nationale, leur identité ou leur Constitution, déclarant : « Toute main tendue sera tranchée, tout pied intrus sera amputé, et toute langue irrespectueuse sera arrachée. »
La déclaration a conclu en estimant que les Émirats arabes unis avaient, cette fois, franchi toutes les limites que l’Algérie était disposée à tolérer. Elle a affirmé que l’Algérie ne resterait pas passive et « répondra de manière équivalente », sans plus de précisions.
Article écrit par : Yann Kabou
Mis en ligne : 07/05/2025
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