Alors que 133 cardinaux venus de 70 pays se retrouvent ce jour dans la Chapelle Sixtine, à Rome, pour élire un nouveau souverain pontife, une déclaration signée du photographe camerounais Samuel Fosso vient bousculer les imaginaires. Dans Le Point, il rappelle une phrase entendue à Bamako en 2017 : « Il est plus facile d’imaginer un Africain dans l’espace ou pratiquant la téléportation qu’un pape noir ». Un sarcasme révélateur des représentations tenaces, que les faits pourtant contredisent.
Aujourd’hui, l’Afrique représente 20 % des fidèles catholiques dans le monde, et plusieurs cardinaux africains sont désormais évoqués parmi les papabili. En tête de liste, trois figures se détachent. Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, se qualifie de « casque bleu du Christ » pour son engagement en faveur de la paix en Centrafrique.
Son confrère congolais Fridolin Ambongo Besungu, cardinal de Kinshasa, affirme, lui, qu’« un pape noir aurait plus de poids que la majorité des chefs d’État africains ». Et puis, il y a le Guinéen Robert Sarah, figure influente des cercles conservateurs, soutenu sans détour par le président Mamadi Doumbouya.
Dans Le Djély, le chef de l’État guinéen salue « l’humilité et le parcours spirituel exemplaire » du cardinal Sarah. Une personnalité que le journal La Croix qualifie de « favori des conservateurs français », voix puissante au sein d’une Église fidèle à sa tradition et souvent critique des réformes impulsées par le pape François.
Dans les colonnes du Mail & Guardian, un appel retentit : créer une Cour internationale contre la corruption. Le journal sud-africain qualifie la corruption de « véritable cancer de notre société » et plaide pour un traitement à la hauteur : un tribunal international, à l’image de ceux pour les crimes de guerre. Et les chiffres sont glaçants : selon les estimations du média, l’Afrique aurait perdu 1000 milliards de dollars en transactions illicites en 50 ans, soit presque l’équivalent de toute l’aide étrangère reçue sur la même période.
Le journal conclut avec une mise en garde sans détour : « L’Afrique peut rester les bras croisés ou saisir cette opportunité pour défendre ses propres priorités. »
Direction Paris, où TSA (Tout sur l’Algérie) met en lumière le parcours hors norme d’Aïssa Benaidjer. Originaire de Béjaïa, arrivé en France en 2010, il a connu la précarité, la solitude et l’errance. Trois mois sans travail, neuf ans sans papiers, des journées à traîner dans les brasseries parisiennes… jusqu’à ce qu’il pousse les portes du Royal Monceau, palace de renom. C’est là qu’il rencontre les chefs Bruno Guéret et Pierre Gagnaire, qui le prennent sous leur aile.
Aujourd’hui, Aïssa est chef à part entière. Il a cuisiné pour Brad Pitt lors des Césars 2023, mais aussi pour un ancien président français qui lui a glissé un ému : « Bravo, mon fils ». Il y a trois mois, il a ouvert son propre restaurant dans le 15e arrondissement de Paris. Un lieu modeste, où l’on peut manger des plats gastronomiques pour moins de 25 euros. « Les gens qui ne peuvent pas manger dans les palaces, ils peuvent manger chez nous, avec amour », dit-il.
Une leçon de persévérance, de dignité et de rêve réalisé. Comme un écho, peut-être, à toutes ces voix africaines qui refusent de se résigner.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 07/05/2025
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