Le poids des confréries religieuses au Sénégal : La laïcité menacée ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 07/05/2025 03:05:36

Le poids des confréries religieuses au Sénégal : La laïcité menacée ?

Il est temps d’arracher le voile d’hypocrisie qui recouvre le rapport entre la laïcité sénégalaise et les confréries religieuses.

Car poser la question de leur compatibilité, c’est déjà admettre que la République recule, lentement mais sûrement, devant des forces d’influence qui n’ont jamais eu besoin d’un mandat populaire pour diriger dans l’ombre.

Officiellement, le Sénégal est un État laïque. Dans les textes, oui. Mais dans la pratique, l’emprise des confréries religieuses est telle que cette laïcité est devenue une façade, un décor creux brandi à l’international pour rassurer les bailleurs et les institutions. Dans les faits, les marabouts dictent l’agenda politique, influencent les décisions économiques et tordent le bras à la République quand leurs intérêts sont en jeu.

Il ne s’agit plus seulement de respect des croyances ou de coexistence harmonieuse. Il s’agit d’un véritable pouvoir parallèle, sacralisé, auquel même les chefs d’État font allégeance. Combien de présidents – passés et présents – se sont-ils prosternés, physiquement et politiquement, devant ces figures religieuses, au point de remettre en question leur propre autorité d’État ? Quelle autre structure, dans une démocratie censée être fondée sur la souveraineté populaire, peut se permettre de neutraliser un débat public ou d’imposer un silence politique sous prétexte de “paix sociale” ?

Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas la foi des citoyens, mais la souveraineté même de l’État. Lorsque l’école publique plie sous la pression de groupes religieux, lorsque des décisions de justice sont influencées ou interrompues pour ménager telle ou telle famille maraboutique, lorsque les médias s’autocensurent pour éviter la colère d’un khalife, alors il ne s’agit plus de religion, mais d’un abandon de la République.

Et osons le dire : cette influence n’est pas qu’un facteur de stabilité. Elle est aussi un facteur de blocage. Elle fige les débats, empêche les réformes nécessaires, et maintient une jeunesse dans un rapport de soumission plutôt que d’émancipation. La République sénégalaise, en cédant sans cesse à ces forces, sacrifie sa propre modernité sur l’autel du clientélisme religieux.

Il ne s’agit pas de nier l’histoire ou l’importance culturelle des confréries. Il s’agit de fixer une ligne rouge. L’État doit être au-dessus des religions. Pas à genoux devant elles.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Pauline Diouf.
Mis en ligne : 07/05/2025

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2 commentaires
KhadyFall_Officiel
L’auteur généralise trop. Toutes les confréries ne manipulent pas l’État. Il faut être plus équilibrée dans l’analyse.
Le 2025-05-07 16:24:28
BayeSow92
L’État doit reprendre sa place. La religion est importante, mais elle ne doit pas piloter les politiques publiques. »
Le 2025-05-07 16:24:06

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KhadyFall_Officiel
L’auteur généralise trop. Toutes les confréries ne manipulent pas l’État. Il faut être plus équilibrée dans l’analyse.
Le 2025-05-07 16:24:28
BayeSow92
L’État doit reprendre sa place. La religion est importante, mais elle ne doit pas piloter les politiques publiques. »
Le 2025-05-07 16:24:06

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