Depuis deux décennies, les investissements chinois en Afrique sont devenus incontournables, avec des projets qui incluent des routes, des ports, des barrages et des hôpitaux dans toute la région. De Nairobi à Abidjan, l’empreinte chinoise est visible jusque dans les moindres détails du béton.
Si certains saluent un partenariat gagnant-gagnant, il est temps de poser la question qui fâche : ces investissements chinois en Afrique sont-ils réellement bénéfiques pour le continent ou s’agit-il d’une nouvelle forme de dépendance économique et politique masquée sous les traits d’une générosité intéressée ?
La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial de l’Afrique. Routes, ponts, chemins de fer… Les grands travaux sont légion. Sauf que derrière les grues flamboyantes, la réalité est plus sombre. Ces infrastructures sont souvent construites par des entreprises chinoises, avec de la main-d’œuvre venue de Pékin, sans véritable transfert de compétence ni bénéfice durable pour les économies locales.
Pire : ces projets sont financés à crédit. Résultat ? Une dette abyssale. Le Kenya, l’Éthiopie ou encore l’Angola doivent des milliards à Pékin. La Chine devient ainsi créancière tout-puissante, exerçant une influence silencieuse mais redoutable sur les décisions souveraines. Les investissements chinois en Afrique créent ainsi une dépendance 2.0, qui n’a rien à envier aux formes plus brutales du passé colonial.
Face à cette montée en puissance, la résistance s’organise. Dans plusieurs pays, des voix s’élèvent. À Madagascar, au Ghana ou en Zambie, des communautés rejettent les expropriations arbitraires, dénoncent les atteintes environnementales ou s’opposent à l’opacité des contrats signés dans le dos des populations. Les jeunes Africains, mieux informés, mieux connectés, ne veulent plus être les spectateurs passifs d’un « développement » imposé de l’extérieur. Ils exigent des partenariats équitables, une transparence totale et un vrai respect de leur souveraineté. Le discours de la « coopération sud-sud » ne suffit plus à masquer les réalités d’un rapport de force déséquilibré.
On veut nous faire croire que la Chine est neutre, pragmatique, qu’elle ne s’immisce pas dans les affaires internes. C’est faux. Pékin soutient les régimes qui lui garantissent ses intérêts, ferme les yeux sur les abus, et verrouille l’accès à ses projets. C’est une diplomatie du chéquier, habile mais loin d’être désintéressée. En Afrique, les investissements chinois en Afrique ne sont pas là pour investir, mais pour s’installer.
Les investissements chinois en Afrique ont certes permis des avancées visibles. Mais ils ne doivent pas être acceptés aveuglément. L’Afrique a besoin de routes, mais aussi de dignité, de transparence et d’indépendance. Les élites africaines ont une responsabilité historique : ne pas troquer la tutelle occidentale contre une autre, tout aussi sournoise.
L’heure est venue pour le continent de reprendre la main, d’imposer ses conditions, de diversifier ses partenaires et surtout, de bâtir son propre modèle de développement. La Chine est un acteur important, elle ne doit jamais devenir un maître silencieux.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mado Gueye.
Mis en ligne : 08/05/2025
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