On nous vend la transition énergétique comme une révolution propre, une promesse d’un monde sans pétrole, où les voitures électriques et les technologies vertes sauveraient la planète. Pourtant, derrière cette vitrine étincelante se cache une réalité brute, que peu veulent regarder en face : l’explosion de la demande de cobalt, et les tensions géopolitiques, sociales et environnementales qu’elle entraîne.
Depuis le début de 2025, la demande mondiale de cobalt a bondi de 11 %, selon l’Institut du Cobalt, pour atteindre potentiellement 227.000 tonnes cette année. Un chiffre vertigineux, quand on se souvient que l’an dernier la croissance n’était « que » de 4 %. Que s’est-il passé en un an ? Rien de surprenant, en réalité : les ventes de véhicules électriques ont explosé +22 % en Europe, +16 % aux États-Unis, +36 % en Chine au premier trimestre. La ruée vers les batteries « propres » est lancée.
Mais à quel prix ? Le cobalt ne pousse pas dans les arbres. Il s’arrache dans les entrailles de la terre, principalement en République démocratique du Congo (RDC), qui fournit à elle seule près des deux tiers de la production mondiale. Un pays où l’extraction de ce métal stratégique rime souvent avec exploitation humaine, travail des enfants et destructions environnementales.
En février, le gouvernement congolais a suspendu les exportations de cobalt pendant quatre mois, jetant un coup de projecteur trop bref sur sa position de force dans cette chaîne d’approvisionnement mondiale déséquilibrée.
Et que s’est-il passé ensuite ? Rien. Le monde continue d’acheter, de produire, d’assembler. La transition écologique se fait à crédit, sur le dos des populations les plus vulnérables. L’hypocrisie est totale : on verdit notre bilan carbone à l’Ouest pendant qu’on noircit les mines à l’Est.
Il est temps de poser les bonnes questions. Peut-on encore parler de « mobilité propre » quand les matières premières sont extraites dans des conditions indignes ? Faut-il continuer à soutenir un modèle technologique vorace en ressources rares au lieu de repenser plus profondément nos usages, nos mobilités, nos modes de vie ?
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Penda Fall.
Mis en ligne : 09/05/2025
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