La scène politique sénégalaise est en ébullition à l’approche du dialogue national, convoqué par le président Bassirou Diomaye Faye pour le 28 mai prochain. Les quotidiens de ce samedi consacrent de larges colonnes à cette initiative aux enjeux majeurs, notamment la réforme du système politique du pays.
L’Alliance pour la République (APR), ancien parti au pouvoir, a officiellement annoncé son refus de participer à cette concertation. Le quotidien Sud Quotidien titre à ce sujet : « L’APR entre rejet et stratégie d’opposition ». Le porte-parole du jour, Seydou Guèye, a dénoncé lors d’une conférence de presse « une opération systématique de décapitation politique » visant, selon lui, à effacer les principales figures de l’ancien régime.
Ce rejet s’inscrit dans un contexte tendu. L’APR fustige une série d’attaques qu’elle juge « injustifiées » contre son leader Macky Sall et plusieurs anciens ministres, dans la foulée de la résolution adoptée à l’Assemblée nationale visant à engager des poursuites contre cinq membres du gouvernement sortant. WalfQuotidien parle d’une « cabale orchestrée », et rapporte que Seydou Guèye évoque une « chronique annoncée d’un procès éminemment politique ».
« Le régime veut éradiquer le nom, l’image et l’œuvre de Macky Sall de la mémoire collective », accuse encore le porte-parole dans les colonnes de L’Observateur, tandis que Walf affiche à sa une : « L’APR boude le dialogue national ».
À contre-courant de cette position, le Parti démocratique sénégalais (PDS) se montre ouvert. « Nous avons une position de participation au dialogue », a déclaré Bachir Diawara, porte-parole du PDS, dans le journal L’Observateur. Il souligne l’importance des « débats contradictoires » pour nourrir la démocratie et appelle à une démarche inclusive, loin des règlements de comptes.
Le Quotidien résume la situation en parlant d’une « discorde autour d’un dialogue » et relaie les propos du facilitateur désigné, Cheikh Guèye. Ce dernier, qui a lancé récemment la plateforme participative « JUBBANTI », appelle à ne pas se faire d’illusions : « Tout le monde ne sera pas au dialogue », avertit-il dans les colonnes de L’AS. Et d’ajouter : « Le destin démocratique de notre nation ne se décidera pas dans les salons, mais dans la vérité de la parole collective. »
Au-delà du débat politique, d’autres sujets majeurs ont également retenu l’attention de la presse ce samedi.
L’Observateur consacre un dossier alarmant à la contrefaçon monétaire, décrite comme un véritable « cancer économique ». Le journal détaille les ramifications de cette mafia des faux billets qui fragilise le système financier, révélant l’existence de réseaux bien organisés et de failles dans le contrôle territorial, impactant aussi les recettes fiscales de l’État.
Le quotidien EnQuête, pour sa part, s’attarde sur le vaste chantier de la reddition des comptes. Il parle d’une « traque inédite », citant une source proche du parquet affirmant que cette fois-ci, « il n’y aura ni règlement à l’amiable, ni arrangement dans l’ombre ». L’enquête viserait moins les titres que les flux financiers, impliquant aussi bien des responsables politiques que des figures du showbiz ou des hommes d’affaires.
Enfin, Le Soleil met en lumière les défis liés à la souveraineté numérique. Dans un dossier spécial, Zack Diop, Directeur général de la filiale SYNAPSYS, estime que « le numérique est une chance, à nous d’en faire un levier de souveraineté ». Ibrahima Nour Eddine Diagne, administrateur de Gaindé 2000, alerte quant à lui sur le manque de moyens technologiques qui fragilise la maîtrise de l’espace numérique sénégalais, face à des réglementations étrangères souvent contraignantes.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 10/05/2025
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