La scène politique d’Europe de l’Est continue de se transformer à vive allure. En Roumanie, George Simion, leader de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), a réalisé une percée spectaculaire au premier tour de l’élection présidentielle du dimanche 4 mai.
Avec 41 % des suffrages, il distance largement son principal concurrent, Nicușor Dan, maire libéral de Bucarest, qui ne récolte qu’un peu plus de 20 %. Le second tour, prévu le 18 mai, s’annonce décisif pour l’avenir d’une Roumanie en proie à une profonde crise politique et sociale.
À seulement 38 ans, Simion pourrait devenir le prochain chef de l’État dans un pays marqué par des décennies de néolibéralisme et de corruption endémique. Sa progression s’inscrit dans un contexte de rejet croissant de l’establishment traditionnel. Le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti national libéral (PNL), qui dominaient la scène politique depuis la chute du régime communiste en 1989, ont vu leur candidat commun, Crin Antonescu, échouer à franchir le premier tour. Leur coalition a implosé dès le lendemain, aggravant la crise de confiance dans les institutions. Ce bouleversement confirme l’émergence d’une crise politique en Europe de l’Est.
Dans un pays encore marqué par les cicatrices de la dictature, l’extrême droite connaît un retour en force. Héritier idéologique d’un courant ayant dirigé la Roumanie durant l’entre-deux-guerres, George Simion incarne une figure controversée mais galvanisante pour une frange de l’électorat lassée du statu quo.
Pendant ce temps, les électeurs albanais sont appelés aux urnes ce dimanche pour renouveler leur Parlement. Les sondages prédisent une large victoire du Parti socialiste, consolidant ainsi la position d’Edi Rama, au pouvoir depuis 2013. Ses détracteurs, eux, dénoncent une dérive autoritaire et une corruption systémique, sans toutefois parvenir à fédérer une opposition crédible.
Autre dossier sensible dans cette région en ébullition : la visite du président serbe Aleksandar Vučić à Moscou pour assister à la parade du 9 mai célébrant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Malgré les critiques de l’Union européenne, qui aurait préféré le voir aux côtés de Volodymyr Zelensky à Kiev, le président serbe a défendu son déplacement, invoquant des enjeux énergétiques majeurs pour son pays.
Cette posture ambiguë de Belgrade met à mal le processus d’intégration européenne de la Serbie. Alors que Bruxelles a relancé la dynamique d’élargissement aux Balkans occidentaux depuis le début du conflit en Ukraine, la diplomatie non alignée de la Serbie pourrait refermer cette opportunité, surtout en cas de changement de cap politique à Berlin.
Au Kosovo, la crise institutionnelle s’enlise. Depuis le 15 avril, les séances du Parlement se succèdent sans parvenir à élire une présidente, condition indispensable pour former un nouveau gouvernement. Le mouvement Vetëvendosje, majoritaire, voit sa candidate systématiquement rejetée, prolongeant un blocage susceptible de paralyser durablement le fonctionnement de l’État.
En Bulgarie, l’émotion est vive autour de la disparition programmée des locaux historiques du label Balkanton, fleuron de l’époque communiste. L’entreprise, qui avait fait rayonner la musique bulgare sur vinyle, cassette et CD, peine aujourd’hui à survivre dans un paysage musical transformé. La fin annoncée de cette institution suscite une vague de nostalgie dans tout le pays.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 10/05/2025
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