Enlèvements ciblés de figures de l'opposition : Crise politique au Mali - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 11/05/2025 01:05:20

Enlèvements ciblés de figures de l'opposition : Crise politique au Mali

Alors que l’opposition politique malienne devait se rassembler ce vendredi 9 mai à Bamako pour exiger un retour à l’ordre constitutionnel, la place de l’Indépendance est restée étrangement calme. Non pas par désintérêt populaire, mais parce que la centaine de partis organisateurs a été contrainte de reporter la manifestation, après la suspension, mercredi, de toutes les activités politiques par les autorités de transition.

Ce report s’inscrit dans un climat de peur grandissant, marqué par des enlèvements ciblés d’opposants et militants. El Bachir Thiam, jeune activiste du parti Yelema, a été enlevé jeudi 8 mai à Kati par des hommes encagoulés à bord d’un véhicule banalisé. Le militant, qui avait organisé plus tôt dans la journée une réunion citoyenne dénonçant la « Transition infinie », a disparu sans laisser de trace, confirmant les craintes d’une répression désormais assumée.

Le même jour, Alhassane Abba, ancien député et secrétaire général du parti Codem, a lui aussi été enlevé à son domicile à Bamako. Des hommes armés et encagoulés, se réclamant de la gendarmerie, l’ont embarqué avec violence. Figure modérée, Abba plaidait pour le respect du calendrier de la transition sans jamais inciter à la sédition. Il serait, selon une source sécuritaire, détenu dans un centre secret de la Sécurité d’État.

Deux tentatives d’enlèvement supplémentaires ont été déjouées ce vendredi : celle de Baïssa Koné, chef du parti VNDA, et d’Ibrahima Tamega, militant du Collectif des jeunes pour la démocratie, qui a pu échapper grâce à l’intervention de jeunes présents sur place. Leurs proches affirment qu’ils se cachent désormais.

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« Le Mali est devenu la Corée du Nord », soupire un opposant retranché chez lui, pendant que d’autres choisissent l’exil temporaire ou la clandestinité.

Ces actions, menées hors de tout cadre judiciaire, visent à neutraliser le mouvement de contestation populaire né le week-end dernier, lequel dénonce à la fois la durée de la Transition, les coupures d’électricité récurrentes, la cherté de la vie et les nouvelles taxes sur les services télécoms.

Dans un communiqué publié jeudi 8 mai, l’Ordre des avocats du Mali a exprimé son inquiétude en appelant au respect de l’État de droit, à la garantie des libertés individuelles et collectives et à la fin des détentions arbitraires.

Le durcissement du régime de transition, illustré par l’usage assumé des services de renseignement pour museler les critiques, marque une nouvelle étape dans la dérive autoritaire du pouvoir militaire au Mali, dont la promesse initiale de « refondation démocratique » semble de plus en plus lointaine.

Article écrit par : Fatoumata Diop
Mis en ligne : 11/05/2025

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