Il y a des accusations qui, à force d’être répétées sans preuve solide, finissent par révéler moins sur l’accusé que sur ceux qui les profèrent. Aujourd’hui, c’est Amadou Ba, fort de 25 ans de carrière au service de l’État, qui se retrouve traîné dans la boue, accusé de tous les maux, y compris d’un détournement grossier de 141 milliards par la simple rupture de Dépôts à Terme (DAT).
Cette histoire, montée en épingle, repose sur une logique absurde : comment un haut fonctionnaire chevronné, rodé aux rouages de l’administration, signerait-il lui-même tous les documents l’incriminant sans précaution aucune ? Qui peut croire sérieusement à un tel scénario ?
Derrière cette cabale, c’est une stratégie de diabolisation bien connue qui se profile. Faire passer un homme d’expérience pour un délinquant, sans procès, sans enquête sérieuse, simplement pour tuer politiquement une voix discordante. Cela doit nous alerter, car aujourd’hui c’est Amadou Ba, demain ce sera un autre. On ne peut pas bâtir une République juste et démocratique sur les ruines de la présomption d’innocence. Il est temps de dire non à cette justice à géométrie variable, souvent dictée par les humeurs du pouvoir et les pressions populaires.
Ce qui choque le plus dans cette affaire, c’est le silence complice ou l’enthousiasme hypocrite de ceux qui se prétendent défenseurs de l’État de droit. Où sont passés les principes fondamentaux du droit à une défense équitable ? Où est l’indignation face à la manipulation médiatique et aux procès publics menés sur les réseaux sociaux ? Ce n’est pas ainsi qu’on combat la corruption : on la combat avec des preuves, avec des procédures transparentes, et surtout avec la même rigueur, quel que soit le camp politique.
Dans un pays où l’impunité a longtemps régné, il est crucial de ne pas tomber dans l’excès inverse : celui de la chasse aux sorcières. Faire d’Amadou Ba un bouc émissaire n’est ni juste, ni utile. C’est une manœuvre grossière pour détourner l’attention d’enjeux plus profonds : l’emploi des jeunes, la souveraineté économique, la réforme de l’administration. Si le Sénégal veut avancer, il doit en finir avec ces procès politiques qui affaiblissent les institutions et fracturent la nation.
Le militantisme, aujourd’hui, doit être au service de la vérité et de la justice, pas des règlements de comptes. Réhabiliter le débat politique, réconcilier efficacité et intégrité, voilà le véritable chantier. Il est temps de cesser de confondre adversaire et ennemi. ex-PM Amadou Ba, qu’on l’aime ou non, mérite un traitement digne d’un homme d’État. Et c’est ce respect du droit, même pour nos opposants, qui fait la grandeur d’une démocratie.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Barry.
Mis en ligne : 11/05/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.