Le pacte immoral : Le Rwanda, sous-traitant migratoire de l’Occident - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 11/05/2025 03:05:40

Le pacte immoral : Le Rwanda, sous-traitant migratoire de l’Occident

Le Rwanda, pays d’Afrique centrale, est-il en passe de devenir le sous-traitant officiel des démocraties occidentales en matière de migration ? À en croire les récentes discussions entre Washington et Kigali, il semblerait que oui. Après le Royaume-Uni et le Danemark, c’est désormais au tour des États-Unis de vouloir confier au régime de Paul Kagame une tâche que ni Londres, ni Copenhague, ni aujourd’hui Washington ne veulent plus assumer : accueillir ceux que leurs politiques migratoires rejettent.

Derrière des termes polis comme « coopération migratoire » ou « relocalisation », il s’agit bien d’un marché cynique : transférer des personnes vulnérables vers un pays tiers, souvent éloigné, sous prétexte de “soulager” les systèmes d’asile occidentaux. En réalité, ces accords ne sont rien d’autre qu’une délocalisation politique et morale du droit d’asile.

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la machine à expulser s’est relancée à plein régime. Et tant pis pour les bavures : en avril dernier, un ressortissant salvadorien marié à une citoyenne américaine a été renvoyé par erreur vers un pays qu’il avait fui. Aujourd’hui, c’est au tour du Rwanda d’être sollicité, alors même que ce pays n’a jamais caché ses ambitions d’être un acteur stratégique sur la scène internationale… quitte à se rendre complice de pratiques juridiques douteuses.

Car ne nous y trompons pas : ce type d’accord soulève de graves questions juridiques et éthiques. Qu’en est-il du respect du principe de non-refoulement ? Du droit de chaque individu à voir sa demande d’asile examinée de manière équitable et dans un pays sûr ? Peut-on sérieusement considérer qu’un migrant menacé dans son pays d’origine se sentira en sécurité dans un État où la liberté d’expression est sévèrement limitée et où les opposants politiques vivent sous surveillance constante ?

Paul Kagame, qui assure ne « ni vendre ni acheter des êtres humains », veut faire croire à un Rwanda modèle d’accueil. Mais il ne suffit pas de repeindre les centres de rétention en rose pour transformer une politique brutale en solution humanitaire. Cette externalisation est une manière détournée pour les pays occidentaux de se débarrasser de leur responsabilité internationale tout en sauvant la face devant leurs opinions publiques.

Le droit d’asile n’est pas une marchandise. Il ne se négocie pas sur fond de chantage diplomatique ou d’intérêts géostratégiques. Si l’Occident veut rester crédible sur la scène internationale en matière de droits humains, il lui faut cesser d’exporter ses responsabilités et commencer par les assumer chez lui.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malick Dia.
Mis en ligne : 11/05/2025

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