La disqualification de Tidjane Thiam de la course à la présidentielle d’octobre prochain en Côte d’Ivoire n’est pas une simple affaire juridique. C’est un acte politique délibéré, cynique, et profondément antidémocratique.
On parle ici d’un homme dont le parcours force le respect sur la scène internationale, d’un citoyen engagé, d’un leader légitime du PDCI-RDA, brutalement écarté sur la base d’un argument juridique contestable : la perte supposée de sa nationalité ivoirienne. Quel hasard, n’est-ce pas, que cette découverte surgisse à quelques mois d’un scrutin décisif ? Le régime Ouattara n’a même plus la décence de cacher sa peur.
Ce qui se joue ici, c’est bien plus qu’une affaire de papiers ou de procédure. C’est une tentative grossière de neutralisation politique. L’appareil d’État se transforme en machine à broyer les opposants, utilisant les tribunaux comme armes et les forces de l’ordre comme outils d’intimidation. Le silence imposé à Tidjane Thiam est le même qu’on tente d’imposer à toute une opposition, à toute une jeunesse avide de changement, à toute une société civile qu’on veut bâillonner. En réalité, ce pouvoir n’a pas confiance dans les urnes. Il sait que le peuple, s’il avait le choix, pourrait renverser la table.
L’argument de la nationalité n’est qu’un écran de fumée. Où étaient les autorités quand Thiam a été inscrit sur les listes électorales en 2022 ? Pourquoi ce soudain réveil judiciaire en 2024 ? La vérité, c’est que le pouvoir actuel panique. Il redoute une confrontation électorale honnête. Et plutôt que d’élever le débat politique, il préfère saboter les règles du jeu. Cette exclusion programmée est une insulte à la démocratie, une trahison du pacte républicain, une gifle infligée à tous ceux qui croient encore aux institutions ivoiriennes.
Mais le peuple n’est pas dupe. Les mobilisations en cours au sein du PDCI-RDA en témoignent. Le refus de l’arbitraire grandit, et chaque voix étouffée renforce la colère populaire. Le régime actuel devrait se méfier : à force d’étouffer le débat, il prépare lui-même les conditions d’une explosion démocratique. On ne gouverne pas durablement un pays en muselant l’espoir. Les élections ne sont pas un privilège du pouvoir en place, elles appartiennent au peuple. Et tout le monde a le droit d’y participer.
En empêchant Tidjane Thiam de se présenter, le pouvoir Ouattara signe une faillite morale et politique. Ce n’est pas Thiam seul qu’on élimine, c’est un pan entier de la souveraineté populaire qu’on tente de confisquer. Mais l’Histoire l’a prouvé : ceux qui entravent la démocratie finissent toujours par en répondre. Tôt ou tard.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Aliou Diouf.
Mis en ligne : 12/05/2025
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