Dans un geste aussi symbolique que stratégique, les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé ce lundi 12 mai la libération de l’otage israélo-américain Edan Alexander, capturé lors des attaques sanglantes du 7 octobre 2023. L’annonce intervient alors que les tractations autour d’un cessez-le-feu à Gaza piétinent, et que Donald Trump entame une tournée régionale au Moyen-Orient.
Dans un communiqué, le mouvement islamiste palestinien a précisé que la libération d’Alexander, qualifié de « soldat sioniste et citoyen américain », résulte de « contacts avec l’administration américaine, dans le cadre des efforts déployés par les médiateurs pour parvenir à un cessez-le-feu ». Une source proche du Hamas a confirmé à l’AFP que le soldat avait été remis à la Croix-Rouge, première étape de son retour vers Israël.
L’armée israélienne a indiqué qu’Edan Alexander serait transféré vers un centre d’accueil à Réim, dans le sud du pays, avant d’être transporté par avion à l’hôpital Ichilov, à Tel-Aviv. Sa famille l’y attend. « Je suis impatiente et heureuse. (…) Nous attendons de pouvoir serrer Edan dans nos bras et sentir qu’il est vraiment avec nous », a déclaré sa grand-mère, Varda Ben Baruch, depuis son appartement de Tel-Aviv.
Si la libération de cet otage marque un tournant humanitaire, elle revêt également une portée politique majeure. En annonçant cette remise, le Hamas affirme son rôle de négociateur incontournable sur la scène diplomatique régionale et internationale, notamment vis-à-vis de Washington. Le mouvement se dit désormais « prêt à entamer immédiatement des négociations intensives » pour un accord global de cessez-le-feu.
L’opération n’a pas manqué de susciter des remous à Jérusalem. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, déjà critiqué par l’opposition pour sa gestion du conflit, voit le Hamas dialoguer directement avec Washington, en court-circuitant Tel-Aviv. Une démarche rare, qui renvoie à un précédent amer pour les autorités israéliennes : lors de discussions antérieures entre les États-Unis et le Hamas, Israël avait dénoncé son exclusion. Les Américains avaient alors rétorqué qu’ils n’avaient pas besoin de l’aval israélien pour sauver leurs ressortissants.
Cette manœuvre diplomatique intervient à la veille d’une tournée régionale très attendue du président américain. Donald Trump s’est envolé pour Riyad dans le cadre de son premier déplacement au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. Une visite qui le mènera également au Qatar et aux Émirats arabes unis, où le sort de Gaza sera au centre des discussions.
Dans un communiqué publié dans la foulée, le Hamas a d’ailleurs exhorté l’administration Trump à « redoubler d’efforts pour mettre fin à la guerre brutale menée par le criminel de guerre Netanyahu contre les enfants, les femmes et les civils non armés à Gaza ».
En libérant Edan Alexander, le Hamas soigne donc son image à l’international, tout en envoyant un message clair : il entend peser dans la balance des futures négociations. L’organisation islamiste, en difficulté sur le plan militaire, cherche visiblement à reprendre la main sur le front politique. Une stratégie qui pourrait bien isoler davantage Netanyahou à mesure que la pression diplomatique s’intensifie.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 12/05/2025
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