Depuis sa réélection en janvier 2025, Donald Trump a lancé une offensive radicale contre l’aide humanitaire internationale. Parmi les pays les plus touchés, la Zambie se trouve en première ligne.
La décision de suspendre 90 % des contrats de l’USAID, l’agence américaine pour le développement international, a des conséquences dramatiques sur la santé publique, la sécurité alimentaire et la stabilité régionale.
Le 20 janvier 2025, Trump a signé l’Executive Order 14169, ordonnant une pause de 90 jours sur toute l’aide au développement à l’étranger, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence et de l’assistance militaire à l’Égypte et à Israël. Cette décision s’inscrit dans une logique de réduction des dépenses publiques et de redéfinition de la politique étrangère américaine, jugée trop généreuse et inefficace.
Cependant, cette approche a des conséquences catastrophiques pour les pays dépendants de l’aide humanitaire, comme la Zambie. Selon les estimations, le pays pourrait perdre jusqu’à 500 millions de dollars en financement, affectant des programmes vitaux tels que la lutte contre le VIH, la tuberculose, le paludisme, la malnutrition et la gestion de l’eau.
La Zambie, qui bénéficie de près de 600 millions de dollars d’aide américaine par an, voit ses infrastructures de santé s’effondrer. Des cliniques ferment, des traitements antirétroviraux sont suspendus, des stocks alimentaires pourrissent dans les entrepôts. Des organisations locales comme CITAMplus, qui soutiennent des milliers de patients, sont contraintes de cesser leurs activités faute de financement. Cette situation expose la population à des risques accrus de maladies infectieuses, notamment la tuberculose multirésistante, et compromet les efforts de prévention du VIH chez les femmes enceintes. L’interruption de cette aide humanitaire a un impact direct sur les vies humaines.
Derrière cette purge de l’aide internationale, Trump défend une vision nationaliste et isolationniste : moins de dépenses à l’étranger, plus de ressources pour les États-Unis. Il justifie cette politique par le besoin de « réaligner » l’aide sur les intérêts américains. Mais cette stratégie comporte des risques géopolitiques majeurs.
En réduisant son influence en Afrique, les États-Unis laissent un vide que des puissances rivales, comme la Chine ou la Russie, sont prêtes à combler. De plus, l’abandon de programmes de santé mondiaux comme PEPFAR pourrait entraîner une résurgence de pandémies, affectant non seulement les pays bénéficiaires, mais aussi la sécurité sanitaire mondiale. L’aide humanitaire, loin d’être un luxe diplomatique, est un levier stratégique fondamental.
Les autorités zambiennes, tout en affirmant maintenir de bonnes relations avec Washington, peinent à gérer cette crise. Le ministre des Affaires étrangères, Mulambo Haimbe, a assuré que des discussions étaient en cours avec l’ambassade des États-Unis à Lusaka pour atténuer les effets de ces coupes. Cependant, face à l’ampleur des pertes, ces assurances semblent insuffisantes. Cette situation soulève une question fondamentale : pourquoi sacrifier des vies humaines et des décennies de progrès pour des considérations idéologiques et budgétaires ? La Zambie, comme d’autres pays africains, ne mérite-t-elle pas mieux que cette politique de déconstruction ?
La réduction de l’aide alimentaire et de l’aide humanitaire américaine en Zambie n’est pas simplement une décision économique ; c’est une politique qui met en péril des vies humaines, des systèmes de santé et des équilibres régionaux. Si Trump veut « tout faire basculer », il risque de faire basculer des millions de vies dans la précarité et la souffrance.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Wally Mbergane.
Mis en ligne : 13/05/2025
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