L’ombre d’une rencontre historique plane sur la Turquie. Vladimir Poutine répondra-t-il à l’appel de Volodymyr Zelensky pour des pourparlers de paix sur le sol d’Istanbul ? À la veille d’un possible sommet, le Kremlin se mure dans le silence. Mais côté ukrainien, la stratégie est claire : faire monter la pression diplomatique.
Dans une interview accordée à plusieurs quotidiens européens, dont The Guardian et Libération, le président ukrainien se montre déterminé. « Je suis prêt à aller à Istanbul », lance Volodymyr Zelensky. Mais il doute de la réciprocité : « Je ne crois pas que Poutine soit capable de venir, il aura peur. » Une provocation habile, doublée d’un appel à l’ingérence américaine : « Si Trump se déplace, cela incitera Poutine à faire de même. Trump peut donc être d’une grande aide. »
L’ancien président américain est en effet attendu indirectement à Istanbul, via l’un de ses alliés les plus influents, le sénateur Marco Rubio. Une présence qui, selon Zelensky, pourrait rebattre les cartes. « Si Poutine ne venait pas alors que Trump est là, ce serait une défaite totale pour lui », insiste-t-il, estimant qu’il faut « montrer que nous ne sommes pas ceux qui ralentissent les processus, même quand il s’agit de compromis, parfois inconfortables ».
Libération ne mâche pas ses mots : en tendant la main à Poutine, Zelensky « le met dos au mur ». Une manœuvre politique redoutable qui « pourrait amadouer les États-Unis » et « peser lourd dans le bras de fer diplomatique ». Si la rencontre n’a pas lieu, elle aura néanmoins réussi à désarçonner Moscou. Depuis l’annonce, silence radio au Kremlin.
Le pari de Kiev est risqué. Car en dépit des gesticulations diplomatiques, les perspectives d’un cessez-le-feu stable semblent bien minces. The Guardian souligne qu’« une trêve à court terme est envisageable », mais qu’il serait illusoire de croire à un arrêt durable des combats à court terme. L’Ukraine ne peut donc relâcher l’effort, avertissent les alliés européens, qui redoublent d’appels à renforcer le soutien militaire. « La sécurité européenne passe par Kiev », martèle le journal britannique.
Du côté de Genève, Le Temps se montre tout aussi pessimiste. Selon le quotidien suisse, « le cessez-le-feu exigé par les Européens a peu de chances d’entrer en vigueur » à brève échéance. Quant à une éventuelle rencontre Poutine-Zelensky, elle semble « hautement improbable », au vu de la défiance réciproque et de l’impasse sur la question des territoires occupés.
Volodymyr Fesenko, analyste politique basé à Kiev, résume la situation sans détour : « Aujourd’hui, les deux belligérants se détestent, ne se font pas confiance et leurs positions de négociation se contredisent radicalement. »
Pendant ce temps, à Paris, Emmanuel Macron tentait de reprendre la main lors d’un long entretien télévisé, diffusé en prime time mardi soir. Trois heures d’intervention, tous sujets confondus, de la guerre en Ukraine à la sécurité intérieure. Mais les réactions dans la presse française oscillent entre perplexité et lassitude.
Le Monde évoque « un président touche-à-tout confronté à son impossibilité à agir », notant qu’il a préféré esquiver les annonces concrètes, notamment sur un éventuel référendum. Pour Le Figaro, la séquence télévisuelle vire au désenchantement : « On nous avait promis une projection vers l’avenir, ce fut un retour perpétuel vers le passé. »
La conclusion est sévère : « Un chef de l’État que l’on croit omnipotent a exposé publiquement son impuissance. » Et de dénoncer une « fatigue démocratique » croissante dans un pays en quête de cap.
Alors que l’Ukraine tente de bousculer l’échiquier diplomatique mondial, que les Européens s’enlisent dans leurs divisions et que les États-Unis observent d’un œil inquiet la scène internationale, une question demeure : la paix est-elle réellement en vue ? Ou assistons-nous, une fois de plus, à une danse stratégique où chacun tente de faire porter la responsabilité de l’échec à l’autre ? Une chose est sûre : les jours à venir seront décisifs.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 14/05/2025
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