Charge mentale des aînés : Le tabou qui ronge les familles sénégalaises - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Coumba Sagna | Publié le 15/05/2025 04:05:27

Charge mentale des aînés : Le tabou qui ronge les familles sénégalaises

Au Sénégal, on glorifie l’aîné. On chante son sens du devoir, on salue sa responsabilité. Mais derrière ce vernis culturel flatteur, une vérité bien plus brutale se dessine : la charge mentale des aînés au Sénégal est une violence sociale normalisée, étouffée par les traditions et ignorée par la sphère publique.

Être l’aîné, dans une fratrie sénégalaise, revient à assumer un rôle social taillé sur mesure pour le sacrifice : mentor, tuteur, banquier, arbitre moral. C’est un cumul de responsabilités qui s’impose sans qu’on le demande. Loin d’être un choix, la charge mentale des aînés au Sénégal est perçue comme une dette intergénérationnelle incontournable.

On ne leur laisse ni l’espace pour exister pleinement, ni le droit à l’erreur. On présume de leur stabilité, on les presse d’aider, de comprendre, de payer. Ce rôle traditionnel devient un piège, surtout dans un contexte économique délétère où chacun lutte déjà pour sa propre survie.

Ce qui frappe, c’est le mutisme collectif autour de la souffrance émotionnelle des aînés. On préfère parler de leur « grandeur », de leur « sagesse », pendant qu’ils s’effondrent en silence. Et pourtant, la charge mentale des aînés au Sénégal est bien palpable : fatigue chronique, stress financier, solitude affective, culpabilité constante.

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Fatou, Abdou, Ansou… Ces voix individuelles racontent la même histoire : celle de femmes et d’hommes piégés dans un rôle dévorant. Ce sont eux qu’on sollicite sans relâche, ceux à qui l’on impose de porter tout le monde à bout de bras. Mais qui les porte, eux ?

Cette injustice trouve ses racines dans une culture de la soumission familiale, où le respect dû aux aînés se transforme ironiquement en un fardeau qu’ils doivent eux-mêmes endosser pour être considérés. La charge mentale des aînés au Sénégal n’est pas un accident. C’est un système social entretenu par l’hypocrisie collective, par peur de briser des codes culturels obsolètes.

Pire encore, ceux qui osent poser des limites sont souvent taxés d’égoïsme ou accusés d’avoir oublié leurs racines. Cette pression psychologique est un poison lent, destructeur, invisible mais létal.

Il est urgent de redéfinir la solidarité familiale. Non, les aînés ne doivent pas tout porter. Non, leur amour pour leur famille ne justifie pas leur exploitation émotionnelle et financière. Fanta Niang a raison : la solidarité doit être réciproque, lucide, équilibrée. Et surtout, elle doit intégrer une nouvelle donnée trop longtemps ignorée : la santé mentale de ceux qu’on a toujours crus invincibles.

Reconnaître la charge mentale des aînés au Sénégal, c’est déjà un acte politique. C’est refuser qu’une génération entière s’épuise au nom d’un modèle familial figé dans le passé. C’est oser dire que les traditions ne doivent pas servir de prétexte à l’abandon psychologique.

Il est temps que les pouvoirs publics s’emparent de cette question. La charge mentale des aînés au Sénégal devrait figurer dans les politiques de santé publique, dans les plans de soutien psychologique et dans les stratégies sociales. Il ne s’agit pas simplement d’un problème privé, mais bien d’un enjeu de société.

Former les plus jeunes à l’autonomie, favoriser l’écoute intergénérationnelle, créer des espaces de parole pour les aînés, intégrer cette question dans les campagnes de sensibilisation : voilà des pistes concrètes pour amorcer un changement.

Assez d’éloges hypocrites. Assez de pressions non dites. Il est temps de mettre un nom sur ce fardeau, de dénoncer la violence douce que subissent les aînés au quotidien, et surtout, de bâtir une société où la charge mentale des aînés au Sénégal cesse d’être une fatalité.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 15/05/2025

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