C’est une tribune qui fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde académique. Trois éminents professeurs de Yale – Marci Shore, Timothy Snyder et Jason Stanley – annoncent leur départ de l’université américaine pour rejoindre l’Université de Toronto, au Canada. Un geste hautement symbolique, motivé par une préoccupation commune : l’état préoccupant de la démocratie américaine.
Dans les colonnes du New York Times, Marci Shore parle d’une « régression brutale de la démocratie », comparant les États-Unis à un Titanic dont les passagers refusent de croire au naufrage : « En tant qu’historien, vous savez qu’il n’existe pas de navire indestructible ». Une image glaçante. Pour son époux Timothy Snyder, la décision relève d’un impératif moral : enseigner dans un lieu où « la liberté de discussion » est encore garantie. Si les raisons diffèrent, les trois intellectuels s’accordent sur une conviction profonde : « Ignorer ou minimiser les attaques contre l’État de droit est un danger pour la démocratie ».
Et si la fiction influençait la réalité judiciaire ? C’est la question soulevée ce matin par The Guardian, qui revient sur la décision du tribunal californien de réviser la peine des frères Menendez. Condamnés à la prison à perpétuité pour le meurtre de leurs parents en 1989, Erik et Lyle Menendez ont vu leur sort bouleversé après le succès d’une série Netflix retraçant leur histoire. L’émotion publique, ravivée par le portrait nuancé des deux frères, semble avoir pesé dans la balance.
Mardi, un juge a jugé qu’après 35 ans derrière les barreaux, les frères avaient « suffisamment payé » et sont désormais éligibles à une libération conditionnelle. Un geste qui interroge. The Guardian parle d’« une humilité astronomique » de la justice pour oser se remettre en question… sous l’influence d’une plateforme de streaming.
À la veille de l’ouverture du Festival de Cannes, un autre théâtre de tensions : le tapis rouge. Lundi, les organisateurs ont revu le code vestimentaire, bannissant les robes trop longues, les traînes encombrantes… et la nudité. Une décision qui déstabilise l’industrie de la mode. Styliste après styliste, les professionnels crient à l’improvisation, eux qui préparaient depuis des mois les tenues des stars.
Un critique culturel évoque un « vent de panique », tandis qu’un acteur de la mode s’interroge : « Qui décide de ce qui est trop long ? Et pour la nudité, où est la ligne ? ». Pour l’instant, les règles restent floues. Un seul constat s’impose : Cannes, autrefois royaume du glamour débridé, tente une nouvelle sobriété… non sans remous.
Enfin, direction Malmö où se prépare la 69e édition de l’Eurovision, ce concours haut en couleur que Libération décrit joliment comme « de la géopolitique sous une pluie de paillettes ». Le journal a interrogé Thomas Duseaux, créateur d’un podcast sur l’Eurovision, qui observe une nette évolution du concours, aujourd’hui moins kitsch, plus suivi, et surtout plus politique.
Mais la recette du succès reste incertaine : faut-il miser sur une ballade intime ou sur un show explosif ? Duseaux tranche avec humour : « Quand tout le monde mise sur la sobriété, c’est le feu d’artifice qui gagne. Et inversement ». Réponse samedi soir, pour un concours toujours aussi imprévisible… et révélateur de l’air du temps.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 15/05/2025
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