Bras de fer entre la CDC et les bailleurs : Réforme du logement - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Coumba Sagna | Publié le 16/05/2025 10:05:02

Bras de fer entre la CDC et les bailleurs : Réforme du logement

C’est une petite phrase qui a mis le feu aux poudres. Dans un entretien accordé à l’un de nos confrères, Falilou Keïta, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a annoncé une réforme du logement au Sénégal qui pourrait bouleverser les habitudes des locataires et des bailleurs au Sénégal.

Selon ses propos, l’État travaille à un dispositif permettant aux locataires de verser leur caution directement à la CDC, et non plus au propriétaire. Une déclaration qui, depuis, alimente une vive polémique.

Pour certains acteurs du secteur, cette réforme du logement au Sénégal marque un tournant salutaire. Momar Ndao, président de la Commission de régulation des loyers, y voit une double avancée : garantir les droits des locataires et mieux encadrer les pratiques immobilières. À ses yeux, le rôle de la CDC comme tiers de confiance faciliterait la restitution des cautions et soulagerait les bailleurs de certaines contraintes financières au moment du départ des locataires.

Mais cette réforme du logement aurait aussi un impact fiscal. Elle permettrait, selon lui, de repérer les propriétaires jusque-là hors des radars fiscaux. « Beaucoup de bailleurs échappent encore à l’impôt. Ce système permettra de les identifier et de rendre visible leur activité économique », confie-t-il dans les colonnes de L’Observateur.

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Si le principe séduit, sa mise en œuvre interroge. Me Bassirou Sakho, vice-président de l’Association de défense des locataires du Sénégal, soulève plusieurs zones d’ombre :
« Que se passe-t-il à la fin du contrat ? Qui statue sur la restitution de la caution ? Et que faire des baux oraux, très répandus au Sénégal ? »

Il insiste sur l’importance d’un dispositif accessible à tous :
« Il faut que ce mécanisme soit simple, adapté à notre réalité sociale, au taux d’analphabétisme, et compréhensible sans expertise juridique. »

L’avocat appelle à une concertation inclusive, rappelant que la réforme du logement de 2014 sur la baisse des loyers avait échoué faute d’adhésion sur le terrain. Et de prévenir :
« Si un bailleur refuse ce système, il peut simplement choisir de ne pas louer. Les contrats restent libres. »

Chez les propriétaires, la réponse est claire : non. Ibrahima Ndiaye, président de l’Association des bailleurs du Sénégal, fustige une initiative perçue comme une intrusion de l’État.
« C’est hors de question. Si la CDC a besoin d’argent, qu’elle le cherche ailleurs, pas dans les cautions des bailleurs », martèle-t-il dans L’Observateur.

Pour lui, la réforme vient s’ajouter à une série de difficultés : impayés, litiges, absence de soutien public.
« On nous fait passer pour des profiteurs. Pourtant, nous investissons ici, avec nos moyens. Et quand un locataire part sans payer, il est très difficile de récupérer les sommes dues. »

La grogne ne s’arrête pas là. La question fiscale aggrave encore les tensions. D’après M. Ndiaye, son organisation a recensé 111 redressements fiscaux en 2024, pour un montant total de plusieurs milliards de francs CFA. Il dénonce un harcèlement administratif renforcé depuis l’alternance politique.

Entre intentions de régulation et résistances bien ancrées, cette réforme du logement s’annonce comme l’un des chantiers les plus délicats de l’année. Le gouvernement parviendra-t-il à rassembler autour d’une mesure qui touche de manière si directe au quotidien des Sénégalais ? Rien n’est moins sûr.

Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 16/05/2025

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2 commentaires
Papa Thiam
Une réforme sans concertation avec les propriétaires peut aggraver la crise du logement
Le 2025-05-16 11:05:40
Nénar
Quand les intérêts financiers prennent le dessus c’est le peuple qui souffre
Le 2025-05-16 10:24:46

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