Plus d’un an après la mort tragique de Prosper Clédor Senghor, abattu lors des violentes manifestations contre le report de l’élection présidentielle en février 2024, sa famille décide de rompre le silence et de porter l’affaire devant la justice.
Âgé d’une vingtaine d’années, Prosper Clédor Senghor, étudiant en première année de Licence de mathématiques appliquées et sciences sociales à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis avait succombé à ses blessures le 21 février 2024 à l’Hôpital Principal de Dakar, après avoir été touché par balle lors d’un rassemblement de protestation. Sa disparition avait profondément choqué l’opinion publique, dans un contexte politique déjà tendu.
Ce vendredi 16 mai, la famille de Prosper Clédor Senghor a officiellement déposé une plainte auprès du Tribunal de Grande Instance de Saint-Louis, avec l’appui d’Amnesty International Sénégal. L’objectif : obtenir justice et faire toute la lumière sur les circonstances exactes de sa mort.
Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, a confirmé la démarche sur la plateforme X (ex-Twitter) : « La famille de l’étudiant Prosper Clédor Senghor, décédé des suites de blessures subies lors d’une manifestation contre le report de l’élection présidentielle par Macky Sall, a déposé ce jour une plainte auprès du TGI de Saint-Louis. »
Il précise que la famille de Prosper Clédor Senghor n’avait pu engager de poursuites plus tôt, notamment en raison de la loi d’amnistie votée le 6 mars 2024, qui avait gelé les procédures liées aux événements de cette période. Cependant, un tournant juridique a été amorcé grâce à la décision du Conseil constitutionnel, rendue le 23 avril 2025, qui a rouvert la voie à des recours judiciaires.
« Cette plainte est rendue possible par cette décision. Amnesty International Sénégal accompagne cette famille, et nous accompagnerons également toutes les familles qui n’avaient pas encore pu déposer de plaintes », a souligné Seydi Gassama.
La procédure engagée par les proches de Prosper Clédor Senghor pourrait marquer une étape décisive dans la quête de vérité et de justice autour des violences qui ont émaillé l’année électorale 2024. Elle résonne comme un appel à la responsabilité et à la transparence dans un pays qui cherche à tourner la page d’une crise politique aux lourdes conséquences humaines.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 16/05/2025
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