Assane Ndiaye et Moussa Sarr, agents administratifs respectivement en poste au Tribunal de grande instance (TGI) de Pikine-Guédiawaye et au Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, ont été déférés ce vendredi 16 mai 2025 pour une série d’infractions graves. L’affaire fait grand bruit dans les milieux judiciaires : les deux faux greffiers sont poursuivis pour association de malfaiteurs, extorsion, usurpation de fonction, escroquerie et séquestration.
Tout a commencé le 3 avril 2025, avec un soit-transmis du procureur. À l’origine : une plainte déposée par Boubacar Faye, qui cherchait à récupérer une dette de 1,5 million FCFA auprès de Mbaye Dione.
Lors de sa visite au tribunal, il tombe sur les deux faux greffiers, qui vont alors mettre en place une véritable mise en scène judiciaire.
Moussa Sarr l’introduit dans un box, où il rencontre Assane Ndiaye, qui se fait passer pour « Maître Ndiaye ». Celui-ci lui réclame d’abord 500 000 FCFA pour régler l’affaire, avant de revoir la somme à 250 000 FCFA. Faye, sans argent liquide sur lui, est invité à revenir avec le débiteur.
Mbaye Dione est ensuite convoqué. Face aux deux faux greffiers, il est soumis à un interrogatoire musclé et menacé d’un mandat de dépôt. Pris de panique, il verse un premier acompte de 300 000 FCFA — en partie en espèces, en partie via Wave. Un second versement de 300 000 FCFA suivra, avant que le stratagème ne s’effondre. Lorsque Faye refuse de payer la dernière tranche de 50 000 FCFA, les faussaires coupent tout contact. Il saisit alors la gendarmerie de Thionck.
Entendu par les enquêteurs de la Sûreté urbaine, Dione confirme avoir été séquestré et menacé par les deux faux greffiers, qui l’ont poussé à verser de l’argent sous la contrainte. Malgré les convocations officielles, les deux suspects restent introuvables. Ils seront finalement interpellés : Assane Ndiaye à Pikine-Guédiawaye, Moussa Sarr à Ouakam.
Face aux enquêteurs, les deux faux greffiers nient avoir usurpé une fonction officielle, mais reconnaissent avoir encaissé à deux reprises 100 000 FCFA chacun, en prétendant simplement avoir aidé le plaignant. Ils affirment ne jamais s’être présentés comme greffiers, bien que leurs agissements prouvent le contraire. Assane Ndiaye justifie son absence par un décès familial ; Moussa Sarr dit avoir cru l’affaire classée.
Cette affaire met en lumière les dérives possibles au sein même du système judiciaire. Si les deux hommes n’étaient pas officiellement greffiers, leur présence dans l’environnement du tribunal et leur connaissance des procédures leur ont permis de manipuler les justiciables. En se faisant passer pour des figures d’autorité, les deux faux greffiers ont abusé de la crédulité de leurs victimes et profané la solennité de l’institution.
Ils ont procédé à des remboursements partiels, mais cela n’empêche pas la justice de poursuivre son cours. À travers ce dossier, les autorités veulent envoyer un message fort : l’appareil judiciaire ne saurait être un terrain de jeu pour les imposteurs.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 16/05/2025
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