À l’heure où le Sénégal cherche encore à cicatriser les blessures profondes laissées par les événements tragiques de février 2024, une nouvelle affaire éclate, révélant l’ampleur de ce que l’on pourrait qualifier, sans détour, de détournement politique des finances publiques. Selon les informations du journal L’Observateur, près de 6 milliards de francs CFA ont été débloqués au profit de deux entreprises privées – Synergies Afrique et Henan Chine – dans le cadre d’une indemnisation opaque des entreprises au Sénégal. Une opération conclue dans un silence assourdissant, à peine 48 heures après le scrutin du 24 mars.
On voudrait nous faire croire qu’il s’agit d’un simple dédommagement pour des “dommages” subis lors des manifestations du 9 février. Mais qui peut raisonnablement accepter cette justification, dans un contexte aussi tendu et politiquement délicat ? Ces entreprises ne sont-elles pas couvertes par des assurances ? À quoi sert donc un État de droit si, au moindre chaos, des arrangements financiers se font dans la plus grande opacité ? Cette indemnisation opaque des entreprises au Sénégal interroge sur la frontière de plus en plus poreuse entre urgence sécuritaire et opportunisme financier.
Ce versement de 4,9 milliards à Synergies Afrique et 791 millions à Henan Chine, via des Certificats nominatifs d’obligation (CNO), n’est pas un simple acte administratif. C’est un signal fort : l’ancien régime, dans ses derniers soubresauts, semble avoir voulu solder ses comptes dans l’urgence. En plein entre-deux politiques, alors que seules les affaires courantes devaient être traitées, le Trésor public a ouvert ses vannes… pour qui ? Pour quoi ? L’indemnisation opaque des entreprises au Sénégal, telle que révélée ici, laisse penser à une liquidation précipitée de l’argent du peuple, sans transparence ni contrôle démocratique.
Plus choquant encore, la Cour des comptes elle-même aurait émis des réserves sur la légitimité de la procédure. Voilà donc une instance censée veiller à la bonne gestion des fonds publics qui se retrouve reléguée au rang de spectateur d’une transaction aux contours douteux. Cela suffit. Les citoyens sénégalais, déjà ébranlés par la brutalité de la répression et le report anti-démocratique de l’élection présidentielle, ne peuvent pas tolérer une telle insulte à l’intégrité de leurs institutions.
Il ne s’agit pas d’une simple maladresse comptable. Il s’agit d’un possible abus de pouvoir, d’une tentative désespérée de sauver des intérêts privés sous couvert d’indemnisation. Et tant que cette indemnisation opaque des entreprises au Sénégal ne fera pas l’objet d’une enquête rigoureuse, indépendante et publique, le doute et la colère continueront de miner la confiance du peuple envers ses dirigeants.
À quand la vérité ?
Ce dossier ne doit pas être refermé avec le départ du régime précédent. Il mérite une commission parlementaire, une vérification par la Cour des comptes, et surtout une publication intégrale des contrats, justificatifs et critères d’éligibilité des entreprises bénéficiaires. Le Sénégal ne doit plus être une République où les fonds publics servent de parachute doré aux amis du pouvoir sortant.
L’indemnisation opaque des entreprises au Sénégal ne doit pas devenir une nouvelle norme. Elle doit être un électrochoc, une affaire-pilote pour exiger enfin une gouvernance éthique, transparente et responsable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Youssouf Dabo.
Mis en ligne : 16/05/2025
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