Ce vendredi 16 mai marque une étape importante, mais fragile, dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine : les premières négociations russo-ukrainiennes depuis le printemps 2022 se déroulent à Istanbul, sous médiation turque. Après plus d’un an de guerre, les deux camps tentent d’engager un dialogue qui peine à lever les profondes divisions, dans un contexte où les attentes restent prudentes.
Le chef du cabinet présidentiel ukrainien, Andriï Iermak, a souligné que la priorité de Kiev est claire : obtenir un cessez-le-feu inconditionnel de la part de Moscou. Dès le matin, une première réunion a réuni les délégations ukrainienne, turque et américaine au palais de Dolmabahçe.
Parmi les participants de la négociations russo-ukrainiennes figuraient notamment le secrétaire d’État américain Marco Rubio, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, et le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiga. Ces discussions préparatoires, qui ont duré environ une heure, ont été suivies par les négociations directes entre représentants russes et ukrainiens.
Ces dernières, qualifiées d’« historiques » du fait de leur rareté depuis l’invasion lancée en février 2022, se sont tenues sans la présence du président russe Vladimir Poutine, qui a délégué un conseiller de second plan, Vladimir Medinski, ex-ministre de la Culture. Cette absence est jugée comme un mauvais signe par Kiev, qui accuse Moscou de ne pas prendre « au sérieux » ces pourparlers.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu, rappelant que « chaque jour de retard entraîne de nouvelles pertes humaines ». Il a aussi appelé à faire de ces discussions une base pour une rencontre future entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, ce dernier ayant lui-même exprimé son souhait d’un face-à-face direct à Istanbul.
Dans le même temps, des responsables ukrainiens ont rencontré à Istanbul des représentants sécuritaires européens, notamment des conseillers français, allemands, britanniques, et l’émissaire américain Keith Kellogg. Ces échanges visent à renforcer le soutien militaire et sécuritaire de l’Ukraine en parallèle des négociations.
Sur le plan américain, le secrétaire d’État Marco Rubio a exprimé un scepticisme marqué, estimant que la délégation russe n’était « pas au niveau attendu ». De son côté, l’ex-président Donald Trump a déclaré jeudi que « rien ne se passera » tant qu’il n’aura pas rencontré Vladimir Poutine, indiquant qu’il pourrait se rendre en Turquie si des progrès étaient réalisés.
Du côté russe, Vladimir Poutine maintient ses exigences maximalistes : la fin de l’expansion de l’OTAN, la reconnaissance internationale de l’annexion de quatre régions ukrainiennes (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia) ainsi que de la péninsule de Crimée, et l’arrêt des livraisons d’armes occidentales à Kiev. Moscou justifie son offensive par la nécessité de « protéger » les russophones et de « dénazifier » l’Ukraine, qu’il accuse d’être sous influence occidentale hostile.
Kiev, pour sa part, rejette toute concession territoriale, en particulier sur la Crimée, qu’elle considère comme partie intégrante de son territoire, conformément à sa Constitution. Le président Zelensky appelle ses alliés à garantir la sécurité de l’Ukraine après un éventuel accord, notamment par l’adhésion à l’OTAN ou la création d’un contingent militaire occidental, propositions fermement rejetées par Moscou.
Ainsi, malgré l’ouverture de ce nouveau chapitre diplomatique, les négociations russo-ukrainiennes restent fragiles et leur issue incertaine, au vu des positions irréconciliables et du poids des enjeux stratégiques. Le monde observe attentivement ces pourparlers à Istanbul, entre espoir de paix et crainte d’un conflit prolongé.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 16/05/2025
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