La « Une » des journaux africains du mardi 20 mai 2025 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 20/05/2025 09:05:24

La « Une » des journaux africains du mardi 20 mai 2025

Le vent tourne pour Joseph Kabila. L’ancien président de la République démocratique du Congo, aujourd’hui sénateur à vie, est convoqué ce mardi par une commission spéciale du Sénat à Kinshasa. En jeu : la levée de son immunité parlementaire. Une procédure inédite qui soulève de nombreuses interrogations, à commencer par celle de sa présence effective. Car pour l’heure, rien n’indique que Kabila fera le déplacement.

La machine parlementaire, elle, s’est déjà mise en branle. « La commission spéciale du Sénat en marche ! », titre Objectif Infos, en soulignant la complexité du dossier et les vives tensions politiques qu’il suscite. L’opposition, qui conteste la régularité de la procédure, dénonce une instrumentalisation de la justice mais a néanmoins décidé de siéger au sein de la commission. Au cœur des accusations : des liens supposés entre Joseph Kabila et la rébellion du M23, active dans l’Est du pays.

Les proches de l’ancien chef d’État crient au complot. Comme le rapporte le média congolais 7 sur 7, ils voient dans cette offensive une manœuvre politique de Félix Tshisekedi pour détourner l’attention des Congolais de ses propres déboires à la tête du pays. Kabila, après 18 années passées au sommet de l’État, serait-il devenu le parfait bouc émissaire ?

C’est en février dernier que tout s’accélère. Depuis son exil sud-africain, Joseph Kabila publie une tribune au vitriol dans The Sunday Times, attaquant frontalement le pouvoir en place. Une sortie médiatique qui, selon Jeune Afrique, aurait fortement irrité Kinshasa. Le régime y aurait vu un soutien à peine voilé à la rébellion de l’AFC/M23, dirigée par Corneille Nangaa.

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Le climat se tend un peu plus mi-avril, lorsqu’une rumeur insistante annonce la présence de Kabila à Goma pour une rencontre supposée avec les dirigeants du M23. Finalement, l’information s’avère fausse, mais trop tard : le gouvernement a déjà réagi. Le lendemain, le ministère de l’Intérieur suspend le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti fondé par Kabila et dont il reste l’« autorité morale ».

« Était-ce bien nécessaire d’annoncer un retour par le Nord-Kivu, en pleine zone de tension ? », s’interroge un sénateur, sous couvert d’anonymat, cité par Jeune Afrique. Officiellement, Kabila n’a jamais mis les pieds à Goma, mais le simple fait d’avoir laissé planer le doute semble avoir suffi à déclencher les foudres du pouvoir.

Selon nos sources, Joseph Kabila ne sera pas présent ce mardi au Sénat. Ce qui n’empêchera pas la procédure d’avancer. La commission spéciale, exclusivement composée de sénateurs de la majorité présidentielle, doit remettre son rapport dès ce mercredi. Un vote en plénière pourrait alors décider du sort de l’ancien président, en son absence.

Une absence lourde de sens, dans un contexte national sous haute tension. Pour Afrik.com, cette affaire a déjà déclenché une onde de choc dans l’opinion publique. Des voix s’élèvent pour réclamer transparence et justice. Jean-Claude Katende, président de l’Association congolaise de défense des droits de l’homme (ACDHO), déplore l’opacité des débats et exige la publication des preuves. Pour lui, cette enquête pourrait être un tournant dans la lutte contre l’impunité. Mais elle risque aussi d’ajouter à l’instabilité d’un pays déjà en proie à de multiples crises.

Du Burkina Faso, WakatSéra met en garde : « L’entreprise de Félix Tshisekedi de vouloir mettre à l’ombre celui qui lui avait offert le pouvoir sur un plateau d’argent n’est-elle pas à haut risque dans le climat militaro-sociopolitique explosif du pays ? » Avec une guerre ouverte à l’Est et des médiations diplomatiques engagées par l’Union africaine, la CEDEAO et le Qatar, le timing de cette procédure contre Kabila interroge. Faut-il ouvrir un nouveau front alors que la RDC lutte déjà pour préserver son unité ?

Pour l’heure, le suspense demeure entier. Une chose est sûre : en RDC, les fantômes du passé n’ont pas fini de hanter le présent.

Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 20/05/2025

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