Lors du dernier Africa CEO Forum à Abidjan, un message a résonné avec force dans les allées bondées de décideurs économiques et politiques africains : il est temps d’agir, ici et maintenant, pour arracher la souveraineté économique du continent aux aléas géopolitiques. Un mot d’ordre partagé, presque martelé : l’Afrique doit s’appuyer sur ses propres forces, ses propres leviers, ses propres talents.
Et pour cause. Le monde change vite, brutalement, et souvent sans égard pour les intérêts du Sud. Le séisme politique que représente Donald Trump, avec son lot de décisions unilatérales, n’épargne pas l’Afrique.
À la hausse des droits de douane et aux turbulences financières s’ajoute désormais une coupe sévère dans les financements du Millennium Challenge Corporation et de l’USAID, symboles d’une coopération nord-sud déjà asymétrique. La décision de se retirer du Fonds de développement de la Banque africaine de développement à hauteur de 500 millions de dollars agit comme un électrochoc.
Face à cette realpolitik assumée par Washington, faut-il sombrer dans la panique ? Non. L’Afrique ne peut plus se permettre d’être la variable d’ajustement des politiques américaines ou européennes. L’urgence, c’est de se réinventer. Et à Abidjan, le ton était clair : si le monde s’isole, l’Afrique doit s’unir, produire, transformer, investir… et croire en elle.
Ce n’est pas qu’une question de survie économique. C’est une question de dignité, d’avenir et de cohérence. Le continent regorge de richesses naturelles, d’une jeunesse entreprenante, d’initiatives locales brillantes, mais peine encore à consolider une base industrielle et financière solide, capable de résister aux secousses extérieures.
Le moment est venu que les discours de souveraineté se traduisent en politiques concrètes : favoriser l’émergence de champions africains, renforcer les chaînes de valeur intra-africaines, investir dans la formation, dans l’énergie, dans le numérique. Il faut oser rompre avec le mythe du partenaire bienveillant et assumer une approche stratégique, orientée vers l’autonomie.
Ironie du sort, certains patrons africains avouaient à demi-mot leur fascination pour Donald Trump, le « président disruptif » qui, en mettant l’Amérique au-dessus de tout, aura au moins eu le mérite d’envoyer un message clair : chaque nation doit d’abord compter sur elle-même. Pourquoi pas nous ?
L’Afrique n’a pas besoin d’un sauveur. Elle a besoin de vision, de volonté, de courage politique, et d’un secteur privé audacieux. L’heure n’est plus à la dépendance, mais à la souveraineté. Plus qu’un slogan, cela doit devenir une doctrine. Définitivement.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Omar Kane.
Mis en ligne : 21/05/2025
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