L’indépendance africaine, un terme qui résonne souvent dans les discours politiques, mais qui, malheureusement, reste une abstraction pour beaucoup. On en fait des fêtes, des discours présidentiels, parfois même des jours fériés. Mais trop souvent, on oublie ceux qui ont réellement osé défier les empires.
Ceux dont les noms devraient résonner comme ceux de Washington ou Mandela. Car l’histoire de l’Afrique indépendante ne commence pas avec des présidents en costume, mais avec des hommes et des femmes prêts à mourir pour libérer un continent.
Patrice Lumumba, premier Premier ministre du Congo indépendant, est l’un des visages les plus puissants de cette lutte pour l’indépendance africaine. Il n’a tenu que quelques mois au pouvoir. Pourquoi ? Parce qu’il a osé défier les intérêts belges et américains. Il voulait une vraie souveraineté, pas une indépendance fictive. Résultat : trahi, livré, torturé, exécuté. En silence. En 1961, l’Occident a tué un homme libre pour conserver une mine d’uranium.
Kwame Nkrumah, premier président du Ghana, voyait loin. Très loin. Il rêvait d’une Afrique unie, industrialisée, libre de toute tutelle étrangère. Il a construit des barrages, des écoles, des routes. Mais il a surtout menacé les puissances coloniales par son ambition panafricaine. Coup d’État. Exil. Silence. Son rêve d’États-Unis d’Afrique n’a jamais vu le jour. Nkrumah est un symbole de l’idéal de l’indépendance africaine, une indépendance qui ne se contentait pas de formalités, mais qui revendiquait l’autonomie totale du continent.
Amílcar Cabral, en Guinée-Bissau, a compris que l’indépendance ne se gagne pas seulement les armes à la main, mais aussi avec une révolution culturelle. Il a été abattu avant même de voir la libération de son pays. Thomas Sankara, au Burkina Faso, a été un météore. En quatre ans, il a lancé une politique de développement audacieuse, sans dette, sans corruption. Trop indépendant pour les puissances étrangères. Il est mort, tué par ses anciens compagnons de route, dans un coup d’État appuyé de l’extérieur.
Le plus tragique, ce n’est pas seulement la mort de ces hommes. C’est l’oubli. Les livres scolaires n’en parlent que trop peu. Leurs idéaux sont dilués dans des discours creux. On célèbre l’indépendance, mais on cache les visages des vrais combattants. On parle de « partenariat avec l’Occident », pendant que nos héros sont traités en rebelles ou en dangers. Ces figures emblématiques de l’indépendance africaine méritent une place dans la mémoire collective.
Revaloriser ces figures, ce n’est pas faire de l’anti-occidentalisme primaire. C’est une exigence historique. Une jeunesse qui ne connaît pas ses héros est une jeunesse désarmée. Il est temps de réhabiliter ces leaders, de les intégrer dans les programmes scolaires, de nommer des rues à leur nom, de raconter leurs combats sans filtre.
L’indépendance africaine ne fut ni un cadeau ni un miracle. Elle fut arrachée, souvent dans le sang. Et ceux qui l’ont arrachée méritent mieux que l’oubli.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fanfan Diédhiou.
Mis en ligne : 23/05/2025
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