Pendant des décennies, l’Afrique a été maintenue dans un système monétaire qui la prive de sa pleine autonomie. Le franc CFA, vestige d’un passé colonial, continue de dicter les règles économiques à des nations indépendantes. En parallèle, le dollar et l’euro imposent leur hégémonie sur les échanges mondiaux. Une monnaie commune africaine briserait ces chaînes, en permettant aux États du continent de commercer sans passer par les circuits occidentaux.
Ce serait la fin d’une tutelle insidieuse, qui, jusque-là, entrave l’émancipation économique du continent.
Une monnaie unique n’est pas un rêve utopique, c’est une nécessité géopolitique. Elle renforcerait les liens économiques entre les pays africains et ferait naître une puissance collective capable de parler d’une même voix sur la scène internationale. L’Afrique, trop souvent divisée, disposerait enfin d’un levier stratégique pour peser dans les grandes décisions mondiales. Ce serait une reconfiguration majeure : ceux qui ont bâti leur prospérité sur la dépendance monétaire de l’Afrique verraient leurs intérêts menacés, et leur opposition serait féroce.
Ce projet n’est pas sans précédent. L’Union européenne a prouvé que l’union économique précède parfois l’union politique. L’Afrique, avec la ZLECAF déjà en place, possède les fondations nécessaires pour franchir cette étape. Le continent regorge de ressources stratégiques comme l’or, le lithium ou le pétrole, et il ne manque pas d’intellectuels capables de bâtir un modèle monétaire sur mesure. Ce qu’il manque, ce ne sont pas les compétences, mais le courage politique de rompre avec les paradigmes imposés.
Dans plusieurs pays africains, la jeunesse, les intellectuels, les ouvriers et les paysans élèvent la voix. De Bamako à Dakar, la clameur populaire réclame un changement radical. La monnaie cristallise cette aspiration. Elle incarne le besoin de se libérer d’un système de domination qui asphyxie les économies locales et exporte l’instabilité. Refuser de créer une monnaie africaine, c’est prolonger la servitude sous une autre forme, c’est accepter l’impuissance organisée.
La monnaie est l’ultime frontière de la souveraineté. Celui qui la contrôle impose sa vision, son modèle, son calendrier. Tant que l’Afrique dépend de monnaies étrangères, elle reste exposée aux crises fabriquées ailleurs et soumise à des décisions qui ne tiennent aucun compte de ses réalités. Se battre pour une monnaie africaine, ce n’est pas un simple projet technique : c’est une déclaration d’indépendance, un acte de rébellion contre l’ordre établi, une marche vers la liberté totale.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Salif Bodian.
Mis en ligne : 23/05/2025
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