L’effondrement tragique d’un immeuble le 9 mai dernier à Dakar, qui a coûté la vie à plusieurs personnes, continue de faire des remous, bien au-delà des questions de sécurité urbaine. L’un des décès, présenté comme celui d’un homosexuel présumé, a relancé avec vigueur le débat sur la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal.
Vendredi dernier, le collectif « Rappel à l’ordre », réunissant diverses organisations religieuses et associations de la société civile, dont l’influent mouvement Jamra, a organisé une marche pacifique dans les rues de la capitale. Leur principale revendication : l’adoption rapide d’une loi plus sévère contre l’homosexualité.
Interpellé sur la question dans l’émission Nay Leer, diffusée sur la chaîne publique RTS, le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, n’a pas esquivé. « La majorité des Sénégalais rejette l’homosexualité, et nous partageons cette position », a-t-il affirmé avec fermeté.
Le ministre a confirmé qu’un processus législatif était d’ores et déjà enclenché pour répondre à la pression des groupes conservateurs. Selon lui, des discussions ont été engagées entre les députés du groupe parlementaire du parti Pastef et le collectif religieux « And Saam Jikko yi », l’un des fers de lance de la lutte contre les droits LGBTQ+ au Sénégal.
« Les députés leur ont demandé d’apporter un projet de loi visant à renforcer la criminalisation des pratiques homosexuelles. Il ne reste plus qu’à rédiger le texte et à le soumettre au vote de l’Assemblée nationale. Et ce projet sera porté par le groupe parlementaire Pastef », a précisé M. Sarré.
Insistant sur le rejet culturel de l’homosexualité dans la société sénégalaise, le ministre a tenu à dissiper tout doute sur la position de l’exécutif. « Ni le président de la République ni le Premier ministre ne cèdent à aucune pression extérieure. Notre culture rejette cette pratique, et nous y sommes fermement opposés », a-t-il conclu.
Cette sortie du porte-parole du gouvernement vient confirmer un tournant conservateur assumé, dans un pays où l’homosexualité est déjà criminalisée par l’article 319 du Code pénal. Mais pour les mouvements religieux, cela ne suffit plus : ils exigent des peines plus lourdes et une surveillance renforcée.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 25/05/2025
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