Le sud-est du Nigeria continue de s’enfoncer dans une spirale de violence. Selon plusieurs rapports concordants, au moins 700 personnes ont été tuées entre 2021 et 2025 dans cette région en proie à des violences liés aux mouvements séparatistes du Peuple autochtone du Biafra (IPOB).
Au cœur de cette tragédie : les « confinements » décrétés par l’IPOB, officiellement présentés comme des journées de désobéissance civile.
Lancées en août 2021, ces paralysies hebdomadaires ont d’abord été des appels pacifiques à rester chez soi, visant à exiger la libération de leur leader, Nnamdi Kanu. Ce dernier est détenu à Abuja, poursuivi pour terrorisme dans une affaire qui suscite une vive controverse tant au Nigeria qu’au sein de la diaspora biafraise.
Mais très vite, les manifestations ont perdu leur caractère volontaire. Dans plusieurs États de la région – notamment l’Imo, l’Anambra, l’Enugu, l’Abia et l’Ebonyi – le mot d’ordre s’est transformé en injonction sous peine de représailles. Des témoignages recueillis sur place font état d’attaques contre des civils qui osaient défier l’ordre de fermeture des commerces ou de circulation. Des commerces incendiés, des chauffeurs tués pour avoir pris la route : la peur s’est installée durablement.
Face à ces violences séparatistes au Nigéria, des voix se sont élevées. Des ONG nigérianes et internationales pointent la responsabilité du mouvement séparatiste, mais dénoncent aussi les conditions de détention de Nnamdi Kanu. D’après ses avocats et des défenseurs des droits humains, le chef de l’IPOB serait maintenu à l’isolement prolongé, privé de visites régulières et soumis à une procédure judiciaire jugée opaque. Une situation qui alimente la radicalisation de ses partisans et nourrit les tensions.
Alors que les autorités peinent à restaurer l’ordre, les populations locales se retrouvent prises au piège entre répression sécuritaire, violences séparatistes et incertitude judiciaire au Nigéria. Le spectre du conflit biafrais, jamais vraiment refermé depuis la guerre de 1967-1970, plane à nouveau sur cette région meurtrie.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 26/05/2025
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