Au Sénégal, Macky Sall laisse derrière lui un climat de tensions politiques, de libertés restreintes et une jeunesse désabusée. Pourtant, sur la scène internationale, il apparaît comme un homme d’État respecté, écouté et valorisé. Cette dualité soulève une question essentielle : pourquoi celui qui peine à convaincre chez lui séduit autant hors de ses frontières ?
Ce contraste n’est pas fortuit, il résulte d’une stratégie délibérée de communication politique et diplomatique, où l’image prime sur la réalité.
L’ancien président sait que l’opinion internationale est un levier puissant. En multipliant les conférences, les panels de haut niveau et les rendez-vous diplomatiques, Macky Sall se repositionne comme un « leader africain modéré », prêt à conseiller et à influencer, comme si les contestations populaires au Sénégal n’étaient qu’un bruit de fond. Les projecteurs étrangers offrent une tribune parfaite pour occulter les dérives institutionnelles qui ont marqué la fin de son mandat.
Cette stratégie n’est pas nouvelle. Elle a été utilisée par d’autres chefs d’État en perte de légitimité nationale. Mais dans le cas de Macky Sall, elle prend une ampleur particulière : prix décernés, missions régionales, gestion de crises africaines… Tout cela construit un récit flatteur, loin des réalités locales. Pendant ce temps, les victimes des arrestations arbitraires, les étudiants gazés, les opposants réduits au silence, eux, n’ont ni micro ni caméra pour raconter leur version des faits.
Ce grand écart entre la réputation internationale et la colère populaire n’est pas sans conséquences. Il alimente la frustration et le sentiment d’injustice dans une population qui voit son quotidien ignoré au profit de discours d’apparat. Il pousse les jeunes à la méfiance envers les institutions et creuse le fossé entre les élites et la base. Ce n’est pas seulement une question de communication, c’est une question de vérité politique.
Redorer son image à l’international ne devrait jamais se faire aux dépens de la vérité nationale. Le prestige à l’étranger n’efface pas les blessures locales. Et si Macky Sall veut véritablement être considéré comme un homme d’État, il devra répondre, un jour, aux questions que son peuple lui pose encore aujourd’hui.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Amadou Sow.
Mis en ligne : 27/05/2025
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