Pendant trop longtemps, la politique africaine a été un club de vieux hommes en costume, coupés de la réalité de leurs peuples, brandissant le pouvoir comme un sceptre sacré. Mais une révolution silencieuse est en marche : les femmes en politique africaine prennent enfin place à la table. Et ce n’est pas une faveur. C’est une nécessité.
Samia Suluhu en Tanzanie, Victoire Tomegah Dogbé au Togo, Sahle-Work Zewde en Éthiopie : ces figures emblématiques des femmes en politique africaine ne sont pas des exceptions isolées.
Elles sont le signe d’un basculement profond. La question n’est plus de savoir si les femmes ont leur place en politique. La vraie question est : comment l’Afrique a-t-elle pu se passer de leur leadership pendant si longtemps ?
On les cantonne encore aux ministères dits « sociaux » santé, famille, éducation comme si leur intelligence politique ne méritait pas les postes régaliens. Pourtant, les bilans des femmes en politique africaine, là où elles gouvernent, parlent pour eux-mêmes. Moins de scandales, plus de rigueur, une écoute citoyenne réelle. Pas parfaites, mais souvent bien plus intègres que leurs homologues masculins.
Ce que les hommes politiques n’ont pas réussi en soixante ans, les femmes pourraient bien le faire en une génération. Elles apportent autre chose que les vieilles recettes postcoloniales, corrompues jusqu’à la moelle. Elles incarnent une nouvelle manière d’exercer le pouvoir : inclusive, pragmatique, tournée vers la base plutôt que vers les élites. Et ce n’est pas un hasard si ce sont souvent les femmes qui sont les plus actives dans les mouvements citoyens. Elles sont en première ligne dans les luttes pour l’eau, l’éducation, la justice et la paix. Le terrain, elles le connaissent mieux que les bureaux climatisés.
Mais attention : mettre des femmes en politique sans leur donner de vrai pouvoir, c’est de la poudre aux yeux. Les quotas, les nominations symboliques, les « femmes-vitrines » ne suffisent plus. On ne veut pas des femmes au pouvoir pour faire joli. On les veut pour changer les règles du jeu. Car le combat n’est pas seulement d’avoir plus de femmes, c’est d’avoir autrement : une gouvernance différente, une ambition collective, une politique connectée aux réalités africaines.
L’Afrique est jeune, féminine, bouillonnante. Elle est à un carrefour : continuer avec les schémas anciens ou ouvrir grand la porte à un leadership féminin fort, visionnaire, ancré. Donner les clés du pouvoir aux femmes, ce n’est pas une concession. C’est peut-être notre dernière chance de sauver une démocratie malade, une économie en panne et une société fracturée.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Toumany.
Mis en ligne : 31/05/2025
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