L’Iran a significativement accéléré la production de son uranium enrichi à 60 %, un seuil proche des 90 % requis pour une arme nucléaire, selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) consulté par l’AFP ce samedi 31 mai. Cette progression alimente les inquiétudes autour du dossier sensible du nucléaire iranien.
À la date du 17 mai, les réserves d’uranium hautement enrichi atteignaient 408,6 kg, soit une augmentation de 133,8 kg en trois mois. Ce chiffre dépasse largement la hausse enregistrée lors de la période précédente (+92 kg). Par ailleurs, l’ensemble des stocks d’uranium enrichi dépasse désormais de 45 fois la limite fixée par l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 avec les grandes puissances, atteignant 9 247,6 kg.
« L’accumulation rapide d’uranium hautement enrichi par l’Iran, qui demeure un État non doté d’armes nucléaires, est une source de vive préoccupation », alerte l’AIEA dans son document confidentiel. Ce rapport intervient alors que des négociations sont en cours entre Washington et Téhéran dans le but de contenir cette montée en puissance nucléaire.
Dans un second rapport, l’agence onusienne critique le manque de coopération de la République islamique. Préparé à la demande des pays occidentaux à la suite d’une résolution adoptée en novembre, ce document souligne que l’Iran n’a pas fourni de réponses jugées « techniquement crédibles » aux interrogations de l’AIEA. De plus, des opérations de nettoyage ont été observées sur plusieurs sites non déclarés – Lavisan-Shian, Varamin et Turquzabad – entravant les efforts de vérification de l’agence. Ces obstacles viennent renforcer le climat de méfiance autour du programme nucléaire iranien.
Les puissances occidentales, notamment les États-Unis, ainsi qu’Israël – considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient – suspectent l’Iran de chercher à développer une capacité militaire nucléaire. Téhéran, de son côté, nie toute intention d’acquérir l’arme atomique, mettant en avant son droit au nucléaire civil, notamment pour la production énergétique, tel que garanti par le Traité de non-prolifération (TNP), qu’il a ratifié. Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a déclaré ce 31 mai que l’arsenal atomique est « inacceptable » pour son pays. Israël, quant à lui, reste convaincu que l’Iran poursuit, en secret, un programme d’armement nucléaire.
Malgré les tensions persistantes, les discussions diplomatiques se poursuivent. Le 23 mai à Rome, un cinquième cycle de pourparlers a été organisé entre les représentants iraniens et américains, sous la médiation du sultanat d’Oman. Le négociateur iranien Abbas Araghchi et son homologue américain Steve Witkoff se sont quittés sans progrès notable, mais ont affirmé leur volonté de poursuivre les échanges. Aucune date n’a encore été fixée pour une éventuelle reprise des négociations, qui restent cruciales pour éviter une escalade dans le dossier du nucléaire iranien.
Article écrit par : Aminata Gueye.
Mis en ligne : 31/05/2025
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