Les déguerpissements au Sénégal se multiplient au rythme des bulldozers, sans que l’on prenne la peine d’écouter ceux qui en sont victimes. Des familles entières, déjà broyées par la misère, sont chassées de leurs habitations précaires comme des intrus dans leur propre pays.
On parle de respect des lois, d’aménagement urbain, de modernisation. Mais que vaut une loi qui détruit sans reconstruire ? Quelle modernité piétine les droits des plus vulnérables ?
Ceux qui décident depuis leurs bureaux climatisés ignorent délibérément la détresse qu’ils provoquent. Les déguerpissements au Sénégal ne sont plus de simples opérations d’urbanisme : ils sont devenus des actes d’exclusion sociale. Ce sont les pauvres, les oubliés, les sans-voix qui paient le prix fort d’un désordre que l’État lui-même a parfois contribué à créer. Où est l’équité quand ceux qui ont le moins sont les seuls à devoir tout perdre ?
Il ne s’agit pas de défendre l’anarchie, mais de refuser l’injustice. Organiser l’espace public, oui. Mais sans accompagnement, sans relogement, sans dialogue, cela devient une violence légalisée. On ne peut continuer à programmer des déguerpissements au Sénégal sans proposer d’alternatives viables. C’est une forme de mépris institutionnalisé qui détruit plus qu’il ne construit.
Ce pays regorge d’intelligences, d’urbanistes compétents, de sociologues engagés et de citoyens prêts à participer. Alors pourquoi persister dans une politique brutale et inhumaine ? Pourquoi refuser de penser une approche inclusive et sociale de l’aménagement urbain ? Les déguerpissements au Sénégal devraient être l’occasion de bâtir un nouveau contrat social, fondé sur le respect de la dignité humaine et la coresponsabilité.
Le peuple est épuisé, mais il reste debout. Il ne demande pas la charité, mais la justice. Il ne mendie pas la compassion, il exige la considération. Dans un pays où chaque jour devient une lutte pour survivre, l’action publique doit rimer avec solidarité. Tant que les décisions seront prises contre et non avec le peuple, le fossé entre gouvernants et gouvernés ne fera que se creuser. Et ce fossé, un jour, deviendra un abîme.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Dion.
Mis en ligne : 01/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
