Habib Sy, Président du Conseil d’Administration de la Senelec, était l’invité du Jury du dimanche ce week-end sur la RFM. Fidèle à son franc-parler, l’ancien ministre a livré un regard nuancé sur le dialogue national, saluant la tradition tout en pointant les limites du format actuel, qu’il juge peu efficace.
« Le dialogue consensuel fait partie intégrante de l’histoire politique du Sénégal. Le pays a toujours été un espace de discussion », a-t-il rappelé, citant Mamadou Dia pour souligner l’importance historique de cette pratique, notamment dans les relations avec la France à l’aube de l’indépendance. « Tous les présidents du pays ont dialogué », affirme-t-il, en revendiquant cette tradition comme un fondement républicain.
Cependant, Habib Sy se dit déçu par le manque d’innovation dans la méthode adoptée aujourd’hui. « Trop de participants, trop de folklore, trop de politique-spectacle. Ce n’est pas toujours utile », déplore-t-il. Pour lui, l’efficacité passe par un format restreint, rassemblant « des acteurs expérimentés, capables d’apporter des contributions pertinentes ».
Plus encore, il plaide pour une approche plus rigoureuse : « Quand vous mélangez politiques, société civile, chefs religieux, etc., ça devient un grand forum où l’efficacité se dilue. » Il propose des formats de travail resserrés, centrés sur des « sachants » capables de produire des résultats concrets. Une prise de position qui tranche avec l’ambiance générale souvent festive et politisée de ces rencontres.
Sur le fond, Habib Sy reconnaît toutefois des efforts du régime actuel, notamment en matière de gouvernance : reddition des comptes, rationalisation de l’Administration, réduction du nombre de ministères. Mais là encore, il nuance. « Un ministre trop chargé devient inefficace. Moi-même, à l’époque, j’avais trop de portefeuilles. Résultat : burn-out. Il faut doser pour garantir l’efficacité », confesse-t-il avec lucidité.
Interrogé sur le boycott du dialogue par certaines formations de l’opposition, il défend leur droit à la divergence. « Je suis un démocrate. Même si une seule formation politique boycotte, elle a ses raisons. Nous-mêmes, à l’époque, avons boycotté le dialogue de Macky Sall. Cela a même entraîné une rupture avec Khalifa Sall », rappelle-t-il, soulignant la complexité des équilibres politiques autour du dialogue.
En somme, pour Habib Sy, le dialogue reste indispensable, mais il doit évoluer : moins de show, plus de fond ; moins de foule, plus de méthode. Un appel à la maturité dans la construction démocratique du pays.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 01/06/2025
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