Une frappe aérienne au Nigeria a coûté la vie à au moins 20 civils dans le nord-ouest du pays, selon plusieurs témoignages recueillis lundi par l’AFP. L’incident s’est produit dans l’État de Zamfara, théâtre récurrent d’opérations militaires contre les groupes armés locaux. Cette bavure figure parmi les bombardements les plus meurtriers des dernières années, relançant les critiques sur la stratégie sécuritaire du gouvernement.
D’après les habitants, cette attaque meurtrière s’est déroulée samedi, après que des villages du district de Maru, notamment Mani et Wabi, ont été ciblés par des bandits lourdement armés. En réponse à l’alerte lancée par la population, les forces de sécurité ont déployé un avion militaire censé appuyer les groupes d’autodéfense mobilisés contre les assaillants. Mais l’intervention a tourné au drame : l’appareil aurait confondu les civils armés avec les criminels, larguant des bombes entre les villages de Maraya et Wabi.
« La frappe aérienne a fait 20 morts », a déclaré à l’AFP Ishiye Kabiru, habitant du district de Maru, précisant que les victimes étaient issues des comités de vigilance locaux. Selon lui, les membres de ces groupes d’autodéfense s’étaient rassemblés pour poursuivre les bandits responsables des récentes attaques. Un autre témoin, Buhari Dangulbi, a confirmé le récit, évoquant une situation de chaos où les civils, pris pour des bandits, ont été ciblés par erreur.
Ce nouvel épisode de frappe aérienne au Nigeria vient s’ajouter à une série d’incidents similaires dans la région. Depuis 2022, c’est la troisième fois que des civils périssent lors d’opérations militaires aériennes dans l’État de Zamfara.
« Samedi, notre communauté a subi une double tragédie », témoigne un habitant. « Les bandits ont enlevé plusieurs personnes et emporté du bétail, puis ceux qui tentaient de les secourir ont été bombardés. Vingt d’entre eux sont morts. » Un autre témoin, Alka Tanimu, explique que les victimes s’étaient mobilisées pour sauver des otages et récupérer les troupeaux volés.
Face à l’émotion suscitée par cette frappe aérienne au Nigeria, Amnesty International a exhorté les autorités à mener une enquête « transparente ». « Si la menace des bandits nécessite une réponse ferme, bombarder à répétition des villages sans discernement est une violation grave du droit international », a dénoncé l’ONG dans un communiqué diffusé sur le réseau social X.
Les violences perpétrées par les « bandits », terme local désignant les gangs armés opérant dans les zones rurales du nord-ouest du Nigeria, sont devenues monnaie courante. Ces groupes, souvent installés dans des campements forestiers, multiplient les incursions meurtrières, pillent les villages et enlèvent les habitants pour exiger des rançons.
Alors que l’armée poursuit ses efforts pour reprendre le contrôle de la région, cette énième frappe aérienne au Nigeria remet en question l’efficacité et la précision des opérations militaires dans des zones où les civils restent fortement exposés aux erreurs de ciblage.
Article écrit par : Daouda Coly.
Mis en ligne : 02/06/2025
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