Un coup d’éclat spectaculaire a eu lieu ce lundi 2 juin au musée Grévin : la statue de cire d’Emmanuel Macron a été dérobée par des militants de Greenpeace, qui l’ont ensuite déposée devant l’ambassade de Russie. Cette action symbolique visait à dénoncer les liens économiques persistants entre la France et la Russie, malgré le soutien affiché de Paris à l’Ukraine. Une opération menée avec précision, qui remet sur le devant de la scène la question de la cohérence diplomatique française.
Selon les informations recueillies auprès de la police, trois individus – deux femmes et un homme – ont pénétré dans l’établissement en se faisant passer pour des techniciens. Une fois à l’intérieur du musée situé dans le IXe arrondissement de la capitale, ils ont revêtu des blouses et détourné l’attention du personnel pour subtiliser la statue de cire d’une valeur estimée à 40 000 euros. Grâce à une couverture et à une issue de secours, le groupe est parvenu à quitter les lieux sans heurt.
Une porte-parole du musée Grévin a confirmé que les militants avaient soigneusement préparé leur opération. L’un d’eux a occupé le vigile avec une question sur l’accessibilité de l’ascenseur, pendant que les autres agissaient. Peu après leur départ, Greenpeace a contacté le musée pour assurer que l’effigie présidentielle serait rendue intacte. Le groupe écologiste a ensuite mis en scène la statue devant l’ambassade de Russie, où une banderole « Business is business » a été déployée et de faux billets lancés au sol.
Cette mise en scène visait à pointer du doigt ce que Greenpeace considère comme un double discours de la part du chef de l’État. « Emmanuel Macron soutient officiellement l’Ukraine, mais encourage indirectement les entreprises françaises à maintenir leurs échanges avec la Russie », a déclaré Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. L’ONG dénonce les liens économiques entre la France et la Russie, notamment dans les secteurs stratégiques du gaz, des engrais chimiques et du nucléaire. Selon l’Union des industries de la fertilisation, les importations d’engrais russes dans l’Union européenne ont bondi de plus de 80 % entre 2021 et 2023.
Alors que l’Union européenne envisage une taxe sur ces importations pour limiter cette dépendance, certains agriculteurs redoutent une hausse des prix et réclament plutôt la suppression des droits de douane sur les engrais non russes. Greenpeace estime qu’Emmanuel Macron, en tant que figure centrale de l’Europe, devrait jouer un rôle moteur pour rompre les contrats commerciaux liant les pays européens à Moscou. Cette affaire rappelle d’autres vols d’effigies politiques au musée Grévin, comme celles de Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing ou Georges Marchais. Mais ici, le message politique vise directement les liens économiques entre la France et la Russie, dans un contexte géopolitique tendu.
Article écrit par : Salif Badji.
Mis en ligne : 02/06/2025
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