Une vive indignation secoue la capitale mauritanienne depuis la découverte, le 29 mai dernier, du corps sans vie d’Hawa Traoré, une jeune femme enceinte de deux mois. Ce lundi 2 juin 2025, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale à Nouakchott pour dénoncer les violences sexuelles en Mauritanie, à l’origine d’un drame qui continue de choquer l’opinion publique.
Hawa Traoré, âgée de 18 ans, aurait été victime d’un viol suivi d’un meurtre. Selon les premiers éléments de l’enquête policière, son corps a été retrouvé dans la chambre d’un jeune homme avec qui elle entretenait une relation. Ce dernier, actuellement en fuite, aurait lui-même contacté la famille de la victime pour l’informer du décès et de l’endroit où se trouvait la dépouille.
Pour de nombreuses organisations de défense des droits humains, ce drame n’est que le reflet d’une réalité plus large. Elles pointent du doigt l’inaction des autorités face aux violences sexuelles en Mauritanie, qui ne cessent de se répéter. C’est dans ce contexte que l’appel à manifester a été lancé pour ce lundi matin.
« Ce n’est ni le premier, ni le dernier cas de viol suivi de meurtre auquel nous assistons », déplore une manifestante souhaitant garder l’anonymat. « Il s’agit souvent de jeunes filles mineures, de moins de 18 ans. Le cas d’Hawa est encore plus bouleversant : elle était enceinte et s’était rendue à l’hôpital. Elle a été séquestrée, violée, puis tuée de manière barbare. »
Au-delà de l’horreur du crime, la lenteur de la réaction des autorités judiciaires suscite la colère. « La police a mis du temps à agir, et le procureur ne s’est déplacé que 24 heures après les faits », s’insurge la même manifestante. « Cette lenteur brise nos espoirs de justice. »
Alors que les manifestants tentaient de faire entendre leur voix, les forces de l’ordre sont intervenues vers 10h pour disperser le rassemblement. « Comme toujours, on applique le deux poids, deux mesures. C’est malheureusement le quotidien en Mauritanie », dénonce-t-elle.
Pour Dieynaba Ndiom, militante féministe bien connue en Mauritanie, la situation est critique : « Les cas de viol sont quotidiens. Chaque jour, des femmes subissent des agressions sexuelles ou sexistes. Pourtant, la législation sur les violences sexuelles en Mauritanie reste inexistante. Il n’existe même pas de définition juridique claire du viol. »
Elle alerte également sur un autre danger : « Certaines victimes de viol peuvent se retrouver incarcérées. C’est inacceptable. Nous réclamons depuis des années une loi qui protège réellement les femmes mauritaniennes. »
Dieynaba Ndiom appelle les autorités à prendre leurs responsabilités. « Nous continuerons à nous mobiliser pour obtenir justice pour Hawa Traoré, mais aussi pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles en Mauritanie. Il est temps que l’État applique les conventions internationales qu’il a signées et qu’il réforme notre système éducatif et juridique. »
Face à la répétition de ces crimes, la société civile mauritanienne semble déterminée à maintenir la pression pour que les violences sexuelles en Mauritanie ne restent plus impunies.
Article écrit par : Aminata Mané.
Mis en ligne : 02/06/2025
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