Le Mali vit depuis plusieurs semaines au rythme d’une recrudescence alarmante des attaques terroristes, marquant un tournant inquiétant dans le conflit sécuritaire qui mine le pays. De Dioura à Boulkessi, en passant par Tombouctou, les Forces armées maliennes (FAMa) sont engagées dans une riposte tous azimuts contre une menace insaisissable, mouvante, mais de plus en plus audacieuse.
Le 23 mai, le camp militaire de Dioura a été frappé de plein fouet. Le bilan, effroyable, fait état de 41 soldats tués, dans l’une des attaques les plus meurtrières de ces derniers mois. Deux jours plus tard, c’est la garnison de Boulkessi, dans le centre du pays, qui est ciblée. Selon l’état-major des armées, cité par le site d’information Bamada, les Forces armées maliennes FAMa « ont vigoureusement réagi » avant d’être contraintes à un repli stratégique.
À peine le temps de respirer, et voilà qu’hier, Tombouctou a failli basculer. Là encore, les soldats maliens affirment avoir empêché une infiltration de groupes terroristes dans la ville emblématique du nord. Treize assaillants auraient été neutralisés, selon le communiqué officiel. Armes, véhicules et divers équipements auraient été saisis. « La situation est sous contrôle », tente de rassurer la hiérarchie militaire, en annonçant un ratissage en cours dans les zones environnantes.
« Dioura, Boulkessi, Tombouctou : l’armée malienne sur tous les fronts », titre Sahel Tribune, qui voit dans ces épisodes la preuve d’un État encore vacillant, mais déterminé à ne pas céder. « Les Forces armées maliennes FAMa opposent désormais une riposte mieux structurée », note le média, soulignant l’appui de partenaires stratégiques « non-alignés » dans cette guerre asymétrique.
Sahel Tribune n’élude pas les faiblesses du dispositif : lenteur des renforts, lacunes dans la communication tactique, et dépendance aux appuis aériens. Mais il insiste sur une réalité plus globale : celle d’un État en transition, dirigé par le colonel Assimi Goïta, qui entend maintenir sa souveraineté intacte. « Le Mali ne mène pas une guerre sale, mais une guerre juste dans un environnement tordu », écrit encore le site.
Pour Mali Actu, le tableau reste sombre malgré les annonces de victoires tactiques. « La situation sécuritaire demeure préoccupante », reconnaît le site, qui appelle à une mobilisation constante des troupes et à un soutien renforcé des populations locales. La stabilité, souligne-t-il, dépendra de la persistance des efforts militaires et civils pour repousser les groupes armés.
Car les menaces ne faiblissent pas. Le groupe JNIM, affilié à Al-Qaïda, multiplie les offensives dans le centre et le nord du pays. Le site Afrik.com alerte sur l’ampleur des dégâts : casernes prises, civils ciblés, localités comme Diafarabé et Nouh Bozo soumises à des blocus provoquant famine et crise humanitaire. L’armée malienne, accuse le média, « peine à réagir, lente et désorganisée ». Et au cœur de cette spirale : une population laissée pour compte.
La crise dépasse désormais les frontières maliennes. Ledjely, en Guinée, élargit le spectre : Niger, Burkina Faso… la bande sahélienne est secouée de toutes parts. Pour le journal guinéen, l’enjeu dépasse la seule réussite ou non des contre-offensives. « Le véritable problème, c’est que des assaillants aient eu l’audace de lancer de telles attaques », écrit-il. Le symbole est fort : la menace persiste, s’adapte, et frappe là où on l’attend le moins.
Dans ce contexte, Ledjely appelle à la convocation d’un sommet extraordinaire pour coordonner une réponse régionale à la hauteur du péril. « Pendant que le Mali, le Burkina Faso et le Niger se démènent, le reste du continent semble détourner le regard », regrette l’éditorialiste. Une inertie qui, selon lui, pourrait coûter cher : « Ce danger-là est à la porte de chacun de nous ».
Alors que la tension reste vive et que les bilans humains s’alourdissent semaine après semaine, une chose semble acquise : le Mali est entré dans une nouvelle phase de la guerre. Une phase où la reconstruction de l’État se joue à la fois sur les champs de bataille et dans la capacité à rallier une population épuisée par les violences.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 03/06/2025
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