Deux mois avec sursis pour un viol : Le scandale judiciaire de trop - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Maimouna | Publié le 09/06/2025 05:06:00

Deux mois avec sursis pour un viol : Le scandale judiciaire de trop

Un fait divers tragique, rapporté par L’Observateur, expose une nouvelle fois les failles béantes de notre système judiciaire. À Diamaguène, une jeune orpheline de 19 ans, Maty S., accuse son oncle un gendarme de l’avoir violée, mise enceinte, puis contrainte à un avortement clandestin avec la complicité de ses tantes.

Et pourtant, malgré l’horreur des faits, le tribunal correctionnel de Pikine-Guédiawaye n’a infligé que deux mois de prison avec sursis aux accusés. Une insulte à la douleur de la victime. Une honte pour la justice sénégalaise. Une gifle portée à toutes les femmes et jeunes filles victimes de violences intra-familiales.

Ce jugement est plus qu’un échec : c’est un abandon. Comment peut-on, face à une affaire mêlant inceste, viol présumé, avortement illégal et mise en danger de la vie d’une mineure, se contenter d’un simple sursis ? Le rôle de la justice n’est-il pas de protéger les plus vulnérables ? De dissuader les bourreaux ? De dire clairement que l’abus de pouvoir, surtout lorsqu’il est commis par un agent des forces de l’ordre, ne restera pas impuni ? Ici, au contraire, le tribunal a envoyé un message clair : vous pouvez détruire une vie, tant que vous pleurez à la barre, vous ne risquez rien.

Ce drame n’est pas isolé. Il est symptomatique d’un système judiciaire qui échoue à traiter les violences faites aux femmes avec la rigueur nécessaire. Ce n’est pas un « fait divers », c’est une crise nationale de la protection des victimes. Alors que l’État sénégalais se targue d’engagements en matière de droits humains, ces engagements restent lettre morte face aux logiques patriarcales qui gangrènent les institutions. Quand un gendarme viole son autorité, au sens propre comme au figuré, et s’en sort avec un sursis, que reste-t-il de la République ?

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La peine avec sursis ne répare rien. Elle ne répare pas le corps de Maty, encore meurtri. Elle ne répare pas son âme, brisée par la trahison familiale. Elle ne restaure pas la confiance des citoyens dans la justice. En prononçant cette sentence dérisoire, le tribunal a donné raison à ceux qui pensent que la violence intra-familiale peut être lavée dans le silence et le déni. Il a donné raison à la loi du plus fort, du plus influent, du plus masculin.

Ailleurs, dans des pays où les droits des victimes sont pris au sérieux, un tel acte aurait entraîné des poursuites pour viol aggravé, abus d’autorité et mise en danger de la vie d’autrui. En France, par exemple, les faits d’inceste sont jugés avec la plus grande sévérité. Au Canada, la moindre preuve d’un avortement forcé peut conduire à de lourdes peines de prison. Mais ici, au Sénégal, on excuse, on relativise, on “comprend le contexte”. Quel contexte justifie l’inceste ? Quel contexte absout la torture psychologique et physique ?

Assez de cette justice à deux vitesses, assez de cette culture de l’impunité déguisée en compassion. Les institutions judiciaires doivent être réformées en profondeur, les juges formés à mieux comprendre les enjeux des violences sexuelles et familiales. Et surtout, les peines doivent être exemplaires, non pas pour punir seulement, mais pour protéger.

Le cas de Maty S. n’est pas une exception. Il est le miroir d’une société qui échoue à défendre ses filles contre les prédateurs domestiques. Cela doit cesser. Le sursis n’est pas justice. Le silence n’est pas paix. Ce verdict est une trahison. Plus jamais ça.

Mobilisons-nous pour exiger la fin des peines symboliques dans les affaires de violences intra-familiales. La justice doit cesser d’être le refuge des bourreaux. Elle doit devenir le rempart des innocents.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Ndiaye.
Mis en ligne : 09/06/2025

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