C’est un plaidoyer sans détour qu’a livré le président français Emmanuel Macron, lundi 9 juin à Nice, à l’occasion de l’ouverture de la troisième Conférence de l’ONU sur les océans. Face à une planète bleue en souffrance, menacée par la surpêche, la pollution et les ambitions minières débridées, le chef de l’État a réaffirmé son attachement au multilatéralisme.
Dans son discours, il a également lancé une critique à peine voilée envers Donald Trump, grand absent du sommet, dont les projets d’exploitation minière en haute mer inquiètent la communauté internationale.
« La première réponse, c’est le multilatéralisme », a martelé Emmanuel Macron, dénonçant les logiques de repli national et d’appropriation des ressources marines. « Les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland, l’Antarctique ou la haute mer », a-t-il lancé depuis la tribune, dans une allusion directe aux velléités expansionnistes de l’ancien président américain.
Alors que la pression s’accroît sur les grands fonds marins, Emmanuel Macron a appelé à une gouvernance partagée, à travers une coopération internationale forte. Cette ligne, qu’il poursuit depuis plusieurs années, prend un relief particulier lors de cette Conférence de l’ONU sur les océans, où plus de 60 chefs d’État et de gouvernement sont réunis.
L’exploitation minière en haute mer, souvent enclenchée en dehors de tout cadre réglementaire, alarme les défenseurs de l’environnement. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a lui aussi mis en garde contre ce risque croissant : « Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », a-t-il insisté, appelant à une régulation stricte des activités extractives dans les eaux internationales.
Le président brésilien Lula a également exprimé sa vive inquiétude. Il a exhorté l’Autorité internationale des fonds marins à prendre des « actes clairs » pour éviter que les océans ne subissent les mêmes dérives que le commerce mondial, livré à une course aux profits sans garde-fous.
Malgré les tensions, la Conférence de l’ONU sur les océans a aussi été le théâtre d’avancées concrètes. Emmanuel Macron s’est réjoui des progrès autour du traité international sur la haute mer, adopté en 2023. Ce texte historique vise à mieux protéger la biodiversité marine au-delà des 200 milles nautiques. « C’est donc gagné ! », s’est exclamé le président français, saluant les 50 ratifications déjà enregistrées et les 15 autres annoncées. Le seuil des 60 nécessaires pour l’entrée en vigueur pourrait être franchi d’ici fin 2025.
Ce traité constitue une étape clé dans la mise en place d’une gouvernance commune des espaces maritimes, un pilier fondamental de cette Conférence de l’ONU sur les océans où l’avenir des ressources planétaires se joue.
Aires marines protégées : des efforts encore insuffisants
Autre dossier sensible : les aires marines protégées (AMP). La France a annoncé la limitation du chalutage de fond dans ses AMP, mais cette mesure ne concerne que 4 % des eaux métropolitaines. Les ONG environnementales jugent cet engagement insuffisant, comparé à celui du Royaume-Uni, qui prévoit l’interdiction du chalutage dans 41 zones protégées, soit 30 000 km².
L’objectif mondial reste d’atteindre 30 % d’aires protégées d’ici à 2030, contre à peine plus de 8 % actuellement. Grâce aux engagements pris lors de cette Conférence de l’ONU sur les océans, Paris espère franchir la barre des 10 %, mais la qualité et la rigueur des protections mises en place varient fortement d’un pays à l’autre.
Entre appels solennels, signaux politiques et mesures concrètes, la Conférence de l’ONU sur les océans apparaît comme un tournant diplomatique et écologique. Emmanuel Macron entend y défendre une mer sous gouvernance collective, face aux menaces d’une appropriation anarchique. Car dans les abysses comme à la surface, l’avenir ne peut plus se jouer en solitaire.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 09/06/2025
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