Le 3e jour de manifestations contre la politique migratoire de Donald Trump à Los Angeles a été marqué par une décision aussi spectaculaire qu’inquiétante : le déploiement de la Garde nationale, sans l’accord du gouverneur de Californie. Cette démarche, bien qu’enrobée d’un discours sécuritaire, révèle une gestion autoritaire, inefficace et dangereusement déconnectée des principes démocratiques.
Ce recours militaire constitue une preuve flagrante de l’incapacité de l’administration Trump à gérer les crises de manière humaine et respectueuse des droits fondamentaux.
Les tensions à Los Angeles ne sont pas nées d’un vide. Elles découlent d’années de politiques migratoires brutales, d’arrestations musclées d’immigrants et d’un climat de peur entretenu par l’administration fédérale. Dans cette ville où la communauté hispanique est fortement représentée, la mobilisation populaire s’est accrue à mesure que les opérations menées par l’ICE devenaient plus agressives. Au lieu d’apaiser les esprits, le président Trump a choisi d’imposer l’ordre par la force, exacerbant ainsi les tensions.
Le président américain promet un « retour à l’ordre » et menace d’étendre l’intervention militaire à d’autres États. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, s’est opposé à ce déploiement qu’il juge « délibérément incendiaire ». Et il a raison. Ce geste est non seulement un affront à l’autonomie des États, mais il marque également une rupture avec une tradition constitutionnelle qui veut que de telles décisions soient coordonnées avec les autorités locales.
Le recours unilatéral aux forces armées sans consultation ni consensus n’est pas un signe de leadership, mais un aveu de faiblesse. Il témoigne de l’échec du dialogue politique et de l’absence de toute volonté de désescalade.
De nombreuses autres approches auraient pu être envisagées : dialogue avec les représentants communautaires, renforcement de la médiation locale, mise en place de commissions indépendantes pour enquêter sur les violences policières, suspension temporaire des opérations de l’ICE dans les zones sensibles. Au lieu de cela, Trump a choisi la méthode forte, celle qui fait taire mais n’apaise pas, celle qui montre les muscles au détriment de la dignité humaine.
Prenons l’exemple du Canada, où des manifestations massives contre des projets énergétiques controversés ont été gérées sans déploiement militaire, avec un dialogue constant entre autorités et manifestants. Ou encore l’Allemagne, qui lors des grandes mobilisations contre les mesures sanitaires liées au COVID-19, a su gérer des foules nombreuses sans militariser l’espace public. Ces pays ont fait le choix de la désescalade, du respect du droit à manifester, et surtout de la concertation. Ce que Trump a délibérément écarté.
Le déploiement de la Garde nationale n’est pas qu’un choix stratégique ; il est l’expression d’un pouvoir qui se raidit face à sa propre impopularité et à ses échecs. Il est aussi une manière de détourner l’attention des critiques légitimes portées contre une politique migratoire inhumaine. C’est pourquoi il est essentiel de dénoncer cette méthode autoritaire et de rappeler que la gestion d’une crise ne doit jamais se faire au détriment des droits humains.
Les citoyens américains et le monde entier doivent rester vigilants face à cette tentation de militariser les réponses politiques. Le respect des libertés fondamentales, la concertation avec les autorités locales, la priorité donnée à l’apaisement plutôt qu’à la répression : voilà les signes d’un pouvoir démocratique fort. Tout le contraire de ce que nous donne à voir l’administration Trump.
À travers ce choix, Donald Trump n’impose pas l’ordre : il impose la peur.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Ndiaye.
Mis en ligne : 09/06/2025
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