Ce qui devait être un motif de fierté pour Senelec au Congo s’est rapidement transformé en un sujet de crispation diplomatique et sociale. En février dernier, la société nationale d’électricité du Sénégal annonçait en grande pompe avoir remporté un contrat stratégique de distribution et de commercialisation de l’électricité en République du Congo.
Mais à peine lancée, l’aventure de Senelec au Congo a été brusquement mise en pause.
La suspension du contrat a été officiellement confirmée ce jeudi 12 juin à Dakar par le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso, en visite de travail au Sénégal. Lors d’un point de presse conjoint avec son homologue sénégalais Ousmane Sonko, il a expliqué les raisons de cette décision, révélant les tensions sociales et politiques qu’elle a suscitées dans son pays.
« La convention d’affermage a été suspendue, oui. C’est le Premier ministre qui a pris la décision de suspendre la mise en œuvre du contrat d’affermage, le temps d’appliquer les 48 mesures identifiées et de préparer l’opinion publique à comprendre la nécessité de cette réforme », a déclaré Collinet Makosso.
Selon le chef du gouvernement congolais, la pression des syndicats et des partenaires sociaux a été un facteur clé dans cette suspension. Ces acteurs ont vivement exprimé leur opposition dès l’annonce du projet, contraignant les autorités à revoir le calendrier initial prévu pour Senelec au Congo.
« Senelec a bien remporté cet appel à manifestation d’intérêt. Mais il faut aussi prendre en compte l’opinion publique dans nos pays respectifs. Le Sénégal a vécu une situation comparable en 1998, lors de la concession de la distribution d’électricité à Hydro Québec. Ce secteur, souvent considéré comme relevant de la souveraineté d’État, suscite des réactions vives », a ajouté le Premier ministre, soulignant la dimension sensible et politique autour de Senelec au Congo.
Ce report temporaire met en lumière les résistances internes aux réformes dans le secteur public énergétique en Afrique. La gestion de l’électricité demeure un enjeu majeur pour les gouvernements et les citoyens. En attendant la possible reprise du projet, Senelec au Congo devra faire preuve de patience et de diplomatie pour surmonter ces obstacles.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 13/06/2025
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