Alors que s’ouvrait ce mercredi la 4e édition de l’exposition économique et commerciale Chine-Afrique à Changsha, dans le centre du pays, Pékin a frappé fort en dévoilant une mesure à forte portée diplomatique : la suppression totale des droits de douane sur les produits en provenance de 53 pays africains.
L’annonce, qui marque un tournant dans les relations économiques sino-africaines, vise à stimuler les exportations du continent et à réduire un déséquilibre commercial largement défavorable à l’Afrique.
La décision a été saluée comme un geste d’ouverture stratégique de la part de la Chine. Jusqu’ici, seuls 33 pays africains – majoritairement classés parmi les moins avancés – bénéficiaient d’un accès préférentiel au marché chinois. Cette nouvelle initiative étend l’exemption tarifaire à plusieurs économies à revenu intermédiaire comme l’Afrique du Sud, le Maroc ou encore l’Égypte. Seule ombre au tableau : l’Eswatini, ex-Swaziland, reste exclu de la mesure en raison de sa reconnaissance diplomatique de Taïwan, une ligne rouge pour Pékin.
Cette annonce intervient dans un climat de tensions commerciales croissantes entre l’Afrique et les puissances occidentales. Les États-Unis ont récemment relevé jusqu’à 50 % les droits de douane sur certains produits africains, alimentant les crispations entre Washington et plusieurs capitales africaines. Pékin, de son côté, joue la carte du partenariat gagnant-gagnant, en misant sur la solidarité Sud-Sud et une intégration économique plus poussée avec le continent.
Notre correspondante à Pékin, Cléa Broadhurst, souligne que cette mesure s’inscrit dans une stratégie de long terme, portée par le président Xi Jinping, visant à renforcer la « communauté de destin Chine-Afrique ». Un projet à la fois économique et politique, dans lequel la Chine s’affiche comme un allié privilégié des nations africaines.
Derrière la rhétorique diplomatique, un constat s’impose : en 2024, la Chine enregistrait un excédent commercial de 62 milliards de dollars avec l’Afrique. En facilitant l’accès des produits africains à son immense marché intérieur, Pékin espère réduire cet écart, tout en répondant à une demande croissante de ses partenaires africains pour un commerce plus équitable.
Les grandes puissances économiques du continent, telles que le Nigeria, le Kenya ou le Maroc, pourraient tirer un avantage immédiat de cette ouverture. Mais la Chine n’oublie pas les économies les plus vulnérables. Pékin promet un accompagnement technique et logistique pour permettre aux pays moins avancés – comme le Mali ou la Tanzanie – de s’insérer dans les chaînes de valeur.
Au-delà de la suppression des droits de douane, un nouveau cadre de coopération est en gestation. Il devrait inclure des mesures concrètes visant à fluidifier les échanges commerciaux, encourager les investissements croisés et faciliter la mobilité des entrepreneurs et des étudiants.
En deux décennies, la Chine s’est imposée comme le premier partenaire commercial de l’Afrique, son premier investisseur et son plus important créancier. Avec cette nouvelle annonce, Pékin réaffirme son ambition de consolider ce lien stratégique dans un monde de plus en plus polarisé.
Une chose est sûre : l’Afrique reste au cœur du jeu diplomatique mondial. Et la Chine entend bien y jouer un rôle central.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 13/06/2025
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