Bara Guèye, ingénieur agronome et président du Front National pour la Patrie et la Souveraineté (FNPS), s’est insurgé avec virulence contre la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS), qu’il accuse de maintenir depuis plus de cinquante ans une véritable « colonisation économique » à Richard Toll, dans le nord du pays.
Dans une déclaration au vitriol rendue publique cette semaine, l’opposant politique ne mâche pas ses mots :
« Ce que la CSS fait à Richard Toll depuis plus de 50 ans, ce n’est pas simplement de l’agro-industrie. C’est une domination économique déguisée », affirme-t-il, en fustigeant au passage le silence des autorités étatiques, notamment après la récente visite du président de la République sur les installations de la compagnie.
Au cœur des accusations figure la gestion controversée du Lac de Guiers, principale réserve d’eau douce desservant une bonne partie du pays, y compris la capitale Dakar. Selon Bara Guèye, la CSS y puiserait plus de 30 millions de mètres cubes d’eau par an pour irriguer ses vastes champs de canne à sucre, pendant que des villages voisins peinent à s’approvisionner en eau potable ou à faire pousser leurs cultures.
Le leader du FNPS tire également la sonnette d’alarme sur les pratiques agricoles de la CSS. Il dénonce notamment le brûlage saisonnier de 7 000 hectares de canne, une opération qui, selon lui, affecte gravement la santé des habitants de la zone.
« Les cendres envahissent les maisons, les écoles, les marchés… Les enfants toussent, les anciens suffoquent, et personne ne réagit », s’indigne-t-il.
Mais c’est sur le plan social que les propos de Bara Guèye prennent une tonalité encore plus révoltée. Il pointe des conditions de travail « indignes » imposées aux milliers de saisonniers recrutés chaque année par la compagnie :
« Des jeunes venus de toutes les régions du pays coupent la canne sous un soleil brûlant. Ce sont des esclaves modernes. »
Payés moins de 3 500 FCFA par jour, ils travailleraient sans contrat, ni couverture sociale ni protection.
Face à cette situation qu’il juge insoutenable, Bara Guèye réclame une refonte complète des relations entre l’État sénégalais et la CSS. Il propose une série de mesures urgentes :
La renégociation du contrat liant l’État à la compagnie
La réalisation d’un audit indépendant sur les impacts sociaux, sanitaires et environnementaux
La fin du monopole de la CSS et l’ouverture du secteur aux agriculteurs locaux
Un renforcement de la protection des travailleurs et des ressources naturelles, notamment le Lac de Guiers
Alors que le modèle agro-industriel de Richard Toll fait figure de vitrine dans les discours officiels, cette sortie médiatique vient raviver le débat sur le partage équitable des ressources, la souveraineté économique, et la justice sociale dans une région longtemps reléguée au second plan.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 14/06/2025
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